« A Touch of Sin » en rendant hommage par son titre anglais au « Touch of Zen » de King Hu, au delà du caractère citationnel, en emprunte à la fois les fulgurances et la virtuosité.
Car dans les duels qu’il met en scène, sa manière de filmer l’espace chinois comme un No man’s land à conquérir, ces héros solitaires justiciers ou hors la loi du quotidien arpentant les routes d’un nouvel Eldorado, avec la distance propre à l’ironie et la violence du désespoir, Jia Zhang-ke, tout en réalisant une critique politique à charge de la Chine contemporaine, nous offre tout autant un western moderne qu’un film de genre au sens le plus large.
Quatre faits divers, quatre histoires, quatre protagonistes. Si les motivations sont différentes, la réaction est toujours brutale, inattendue, et vient trancher le récit d’une injustice, d’une souffrance, d’une humiliation, d’une frustration. Ce qui est fort et terriblement émouvant dans le film est qu’il pose la question de notre responsabilité face à cette violence sociale, sans bien sûr évacuer celle du (des) média proprement dit. Face caméra, et c’est le dernier plan du film, devant le théâtre du monde, nous sommes à la fois spectateurs ébahis devant ses injustices, responsables par notre passivité, hypnotisés face à la violence déversée par le prisme des écrans et partagée sur nos réseaux dit sociaux. Nous avons oublié que cette violence était si crue, si réelle, que nous en étions les premiers acteurs et qu’elle prenait vie en chacun de nous.