Le ton est donné dès le début: un homme circulant à motocyclette tombe dans une embuscade, il sort une arme et abat froidement les individus qui avaient entrepris de le dépouiller. C'est une Chine sans concession que filme Jia Zhang-Ke, une Chine où la violence sourd de partout et où elle finit par éclater au grand jour. La violence, ce sont d'abord les rapports humains: dans la Chine d'aujourd'hui, livrée au capitalisme le plus brutal, les uns s'enrichissent éhontément sur le dos des autres, se payant des avions pendant que les autres vivotent. La condescendance, le mépris, le rejet, les injustices sont partout. Et pas moyen de se faire entendre, pas moyen d'obtenir justice par des moyens légaux.
Broyés par ce système inique, des travailleurs bafoués en arrivent au pire: à la violence qu'ils ont subi, ils vont répondre par d'autres formes de violence, plus radicales, plus définitives, le meurtre, les tueries ou le suicide! Jia Zhang-Ke, le réalisateur, s'est inspiré de faits réels survenus récemment dans son pays pour brosser le portrait de quatre individus qui, épuisés, à bout, n'en pouvant plus, en sont arrivés au pire. Quatre itinéraires: quatre humiliés, quatre offensés qui ne supportent plus ce qu'ils ont à subir.
Filmées avec force, avec passion, mais non sans un certain lyrisme, ces quatre histoires ne peuvent laisser indifférent. Elles interrogent non seulement la Chine et ses inquiétantes dérives, mais tous ceux qui, de par le monde, gagnés par l'ivresse du pouvoir et de l'argent facile, n'éprouvent plus que mépris pour leurs semblables moins favorisés. Les laissés-pour-compte peuvent avoir la fâcheuse idée de se révolter... 8/10