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    Norte, la fin de l'histoire
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    Pascal
    Pascal

    159 abonnés 1 651 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 10 septembre 2023
    C'est grâce au travail de Pierre Rissient accompli pendant ses voyages en Asie, pendant les années 70, que le cinéma Philippin fût découvert dans l'Hexagone.

    Depuis la mise en lumière des travaux de Lino Brocka et de Mike De Léon, l'archipel du sud-est asiatique a mis du temps à revenir jusqu'à nous. Brillante Mendoza d'abord dont le travail fut reconnu dans les grands festivals internationaux, puis peu à peu la filmographie de Lav Diaz.

    Connue pour la longueur de ses opus qui vont parfois jusqu'à neuf ou dix heures de projection, Diaz réalisa parfois certains films plus compatibles avec leur exploitation en salles ( il obtint même le Lion d'or à Venise en 2016 pour " la femme qui est partie" tout de même d'une durée de presque 240 minutes ).

    Trois ans auparavant, il mis en scène ce " Norte..." ( Nord en espagnol) qui évoque, de loin, le parcours de Ferdinand Marcos, qui fût un président dictatorial ( 1965/1986) pendant deux décennies et dont l'empreinte est toujours présente dans son pays.

    Certes, il faut un peu connaître l'histoire contemporaine des Philippines, pour comprendre que le personnage clef de "Norte..." est bien une référence à FM.

    Originaire du nord de l'île de Luzon ( île principale de l'archipel où est située le pouvoir politique et la capitale Manille), comme le rappelle le titre, FM fût un étudiant en droit brillant, condamné à la peine capitale pour le meurtre d'un député avant qu'un nouveau procès lui rende la liberté.

    Les ressemblance avec Fabian, personnage du film, sont assez claires pour comprendre l'orientation de cet opus de Lav Diaz ( et son point de vue sur l'élargissement pénal du futur président qui fût finalement renversé)

    Le cinéaste présente un scénario qui montre une société figée ou les élites privilégiées se payent de mots, echaffaudant un modèle politique idéal mais théorique, alors que les plus démunis doivent, sans aucune perspective, supporter les injustices les plus cruelles ( Jacinto sera lourdement condamné pour un meurtre commis par Fabian et verra peu à peu sa famille s'enfoncer dans le malheur ).

    Diaz s'est largement expliqué sur sa façon de filmer qui rebute certains spectateurs en raison de la longueur de ses opus ( une seule prise, plan séquence, quasi absence d'accompagnement musical ) afin de se rapprocher le plus possible de la réalité et de la vérité du monde.

    " Norte..." s'adresse avant tout à l'amateur de films contemplatifs ( les aficionados de la filmographie de Béla Tarr ou de celle de Théo Angelopoulos devraient être séduits par celle de Diaz qui se laisse approcher avec sans doute une plus grande facilité grâce au support du DVD).

    A mes yeux Lav Diaz est simplement un des plus grands noms du cinéma d'auteur de cette dernière décennie.
    Bertie Quincampoix
    Bertie Quincampoix

    103 abonnés 1 830 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 19 mai 2023
    Dans ce film de 4h – une durée raisonnable pour Lav Diaz, dont certaines œuvres peuvent excéder les 10h – le cinéaste philippin revisite Crime et châtiment de Dostoïevski et le transpose aux logiques et à l’atmosphère propres à son pays. Superbement mis en lumière, multipliant les plans magnifiques, Norte, la fin de l’histoire dresse un état des lieux sans concession des Philippines contemporaines, de ses différences de classes sociales, de son élite intellectuelle dépassée par l’état du monde, sur la tentation fasciste et sur la culpabilité d’être trop bien né. Malgré une dernière partie un peu trop démonstrative, une œuvre marquante et exigeante que se doit de voir tout cinéphile, et qui constitue une belle porte d’entrée dans l’œuvre de Lav Diaz.
    Jmartine
    Jmartine

    167 abonnés 673 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 5 novembre 2015
    C’est un film éprouvant…éprouvant physiquement 4h 10 !!! et pourtant à l’aune de Lav Diaz, c’est un court métrage tant il est habitué à réaliser des films qui font de 8 à 10 heures…Il y a plusieurs lectures de ce film, la plus simple, un étudiant en droit, Fabian, et un pauvre ouvrier, Joaquin, tous deux « clients » d’une arrogante matrone, usurière de son état. Un soir, le jeune étudiant assassine l’usurière et sa fille, mais c’est Joaquin qui est arrêté et condamné à la perpétuité…on suivra séparément la route de l’un et de l’autre, la fuite à Manille de Fabian, la vie de prisonnier de Joaquin victime d’insultes, de coups et de brimades tout en s’élevant à une espèce de sainteté en soignant avec une grande sollicitude le caïd de la cellule qui l’avait pourtant copieusement rossé pour un mauvais regard…Fabian ne cesse de fuir alors que personne ne le poursuit…pendant ce temps, Eliza, la femme de Joaquin, entre mélo et tragédie, s’épuise à pousser son chariot de quatre saisons pour faire vivre des enfants et sa sœur cadette…les autres lectures exigent des clefs que personnellement je n’avais pas…Norte serait Dostoïevski aux Philippines…Fabian est Raskolnikov , le meurtrier « cérébral » de Crime et Châtiment…Fabian finira par être sujet au remord sans aller jusqu’à se dénoncer mais en cherchant une solution pour faire rejuger Joaquin et le faire libérer…il finira par revenir chez lui avec une volonté de destruction sans limite…certains voient dans les discutions animées des jeunes étudiants autour de Fabian qui ne croient plus à rien et prônent le mondialisme et l’avènement d’un homme nouveau, des allusions à l’histoire des Philippines et à la dictature Marcos….quand on ne possède pas ces grilles, reste un film certes écrit avec une grande maitrise, avec une photographie très soignée, mais usant d’un recours excessif aux longs travelling et aux plans fixes…la fin est énigmatique…et j’ai parfois perdu pied !!!
    mem94mem
    mem94mem

    116 abonnés 575 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 7 novembre 2015
    Ce film me paraît être un testeur de la patience cinématographique du spectateur : combien de temps allez vous supporter cette lenteur. C'est un film expérimental sur la lenteur, avant toute chose. J'ai réussi à rester une heure, et rien ne s'est passé, après juste quelque plans séquences en caméra fixe. Je suis sorti avec un soulagement extraordinaire. C'est le pire film vu depuis des années. je pense un jour trouver dans un film une bonne blague sur la lenteur d'un film, elle fera sûrement référence à Norte. C'est sans équivalent. Lav Diaz ne film pour aucun public, ne filme pas pour sa famille ou ses amis, sauf s'il est brouillé avec eux. Il ne film que pour lui même, et me paraît être ici extrêmement égoïste.
    velocio
    velocio

    1 303 abonnés 3 135 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 4 novembre 2015
    A bientôt 57 ans, Lav Diaz est un réalisateur qui fait partie de ces cinéastes importants dont aucun film, jusqu’à ce "Norte, la fin de l’histoire", n’a eu l’honneur de sortir dans les salles de notre pays. Il faut dire que Lav Diaz n’est vraiment pas coopératif en la matière. Tout d’abord, il est philippin. Certes, il n’y peut rien, mais, malgré les cent millions d’habitants qui peuplent les Philippines, malgré l’importance de sa production cinématographique, seuls quelques spécialistes pointus seront capables de citer plus de deux noms de réalisateurs philippins : Lino Brocka et Brillante Mendoza. Et puis, surtout, Lav Diaz a pour coupable habitude de faire cadeau au public de films très, très longs : en 2004, "Evolution of a Filipino Family", 10 h 43 ; en 2008, "Melancholia", 7 h 30 ; 2014, son dernier film, "From What is before", Léopard d’Or du Festival de Locarno 2014, 5 h 38. Vous avez certainement lu entre les lignes : présenté dans la sélection Un Certain Regard de Cannes 2013, "Norte, la fin de l’histoire" est donc l’avant-dernier film de Lav Diaz, il a mis du temps à sortir, mais, coup de chance, il ne dure que 4 heures et 10 minutes. 250 minutes de grand cinéma, 250 minutes de pur régal. Curieusement, il est possible de n’utiliser que quelques mots pour résumer ces 250 minutes : un double crime est commis par un homme, Fabian, et c’est un autre homme, Joaquin, qui est accusé et condamné. Il est difficile de ne pas penser à Dostoïevski : l'assassinat d’une usurière, le combat perpétuel entre le bien et le mal. Il y aussi du Tolstoï dans le personnage de Joaquin, personnage qui représente la bonté et qui est injustement condamné, au même titre qu’Ivan Aksionov dans la nouvelle « Dieu voit la vérité, mais attend ». Mais une autre lecture est tout à fait possible et ne contredit pas la première : celle dans laquelle on reconnaîtrait dans Fabian la figure du jeune Ferdinand Marcos, ce futur dictateur philippin qui avait été accusé de meurtre à l’âge de 20 ans, alors qu’il était étudiant en droit. Coïncidence ? En tout cas, "Norte, la fin de l'histoire" est un film magnifique que tout cinéphile se doit d’avoir vu.
    traversay1
    traversay1

    3 572 abonnés 4 861 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 novembre 2015
    Il ne sera plus possible de dire que l'oeuvre de Lav Diaz est le secret le mieux gardé du cinéma mondial. La sortie de Norte, la fin de l'histoire sur nos écrans, jumelée à une grande rétrospective organisée au Jeu de Paume à Paris et à la Cinematek de Bruxelles va faire sortir de l'ombre ce cinéaste déjà culte. Avec Lav Diaz, la notion de long-métrage prend tout son sens : il n'est pas rare que ceux-ci durent 6 ou 7 heures, voire 11, pour l'un d'entre eux. Norte est plus raisonnable, il ne fait que 250 minutes et s'il serait malhonnête de prétendre que l'on ne ressent pas quelques longueurs, son aspect souvent contemplatif n'engendrant pourtant presque jamais l'ennui même si c'est au prix d'un minimum de concentration. L'argument central est proche de Crime et châtiment de Dostoïevski et s'en éloigne en étudiant ce qu'un crime a comme conséquences sur le coupable en liberté, l'innocent en prison et sa femme restée seule avec ses deux enfants. Le film passe de l'un à l'autre de ses trois personnages principaux de façon naturelle, la caméra de Diaz restant le plus souvent en plan large ou moyen, s'en rapprochant lentement par de splendides travellings. Il y a d'évidentes comparaisons à faire avec Weerasethakul quoique le cinéaste philippin cite plus volontiers Tarkovski et Lino Brocka parmi ses influences majeures. Norte, comme tous les films du réalisateur, s'inscrit sous la forme d'une allégorie qui renvoie à l'histoire et à l'héritage du peuple philippin qui n'a pratiquement connu que la colonisation et la dictature. Il y aurait beaucoup à dire sur cette dimension politique et sociale mais c'est à chaque spectateur de donner sa propre interprétation d'une oeuvre hautement recommandable à quiconque aime les films exigeants et qui prennent leur temps.
    Louis Morel
    Louis Morel

    46 abonnés 850 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 27 mai 2013
    Un film de quatre heures, exclusivement composé de plans fixes, et dont le plus court dure 10 minutes... Tout est dit.
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