En voyant le nom d'Alex Van Warmerdam dans la liste des réalisateurs ayant un film en sélection officielle à Cannes 2013, on ne pouvait manquer de se rappeler de "La Robe" et, surtout, de "Les Habitants", un excellent film vieux de 20 ans. "Borgman", premier film néerlandais en compétition à Cannes depuis 38 ans. "Je voulais aussi faire un film très ouvert à l'interprétation, qui pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses", déclare le réalisateur néerlandais Alex Van Warmerdam à propos de ce film. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a parfaitement rempli son cahier des charges ! Mais quand il ajoute : "J'ai voulu montrer comment le mal se glisse dans le quotidien, comment il s'incarne dans des hommes et des femmes ordinaires, normaux, bien élevés, qui sont heureux et fiers d'accomplir leurs tâches, en portant une implacable attention aux détails", on se dit que, là aussi, il a certes réussi son coup, mais en laissant une impression de malaise, comme si la démonstration avait un goût douteux. En effet, la société néerlandaise avait la réputation méritée d'être très tolérante, très accueillante. Depuis quelque temps, des sentiments de rejet des autres sont apparus dans une frange importante de la population. Au début du film, on croit, on espère que le réalisateur va dénoncer cet état de fait. On espère que c'est seulement par maladresse de la part du réalisateur, toujours est-il qu'à la fin du film, on retient surtout que c'est lorsque "la" famille consent à accueillir "l'étranger" que les ennuis commencent. Quant à ces hommes qui vivent sous terre, susceptibles un jour de dominer le monde, il est permis de voir une allusion à des mouvements proches des nazis telle la Société Thulé. Heureusement, le film délivre aussi quelques scènes très drôles. Toutefois, "Borgman" est loin d'atteindre le niveau de "Les Habitants".