Des jeunes que plus rien ne retient quittent le Guatemala pour tenter de rejoindre les Etats-Unis. L’intrigue est simple mais brûlante de sens, chargée d’émotions. L’espoir fait rapidement place à l’indignation, lorsque se déroulent sous nos yeux les péripéties cruelles de ces protagonistes sincères, humains.
La traversée, par le Mexique, est âpre, rugueuse. La mise en scène se plait à capter la splendeur des paysages, sauvages et poussiéreux, suintant de chaleur. Rapidement, l’expédition prend des allures de survie. La froideur implacable de la réalité s’abat sur ces âmes naïves mais courageuses, aux émotions feutrées.
Bercés de chaudes illusions, ces adolescents tenteront coûte que coûte de réaliser leur rêve : le rêve américain. Mais à quel prix ? L’œuvre se veut très réaliste, sans concessions. Elle nous interroge sur les différences ethniques, sur les rapports humains aussi. Avec une finesse remarquable, cette quête illusoire du bonheur nous plonge dans un chaos où tendresse, tensions et espoirs froissés s’entremêlent.
Au-delà des images, subtiles et maitrisées, le film critique violemment la politique migratoire des Etats-Unis, vis-à-vis de ses voisins d’Amérique latine. Chaque année, des milliers d’individus, déboussolés, affrontent les pires atrocités avant de s’écraser contre les frontières de « la grande nation du libéralisme et de la liberté ». Les « chanceux rescapés », qui seront parvenus à atteindre les Etats-Unis, seront alors très vite rattrapés par la déception, rongés par la précarité et la mentalité écœurante du pays du dollar. Nombreux sont ces songes dorés qui se disloquent peu-à-peu, face à une brutalité humaine plus débridée que jamais.