Chupacabra est indéniablement un nanar, mais un assez bon, un de ceux qui ont le mérite d’essayer de jouer franchement la carte de la comédie, d’avoir conscience de ses limites, et qui du coup passe plutôt bien.
Au niveau du casting on notera donc la présence d’Erik Estrada, évidemment l’atout du film de ce point de vue. Bon, il n’est plus de toute première fraicheur c’est certain, et ceux qui l’ont connu dans Chips risquent même de ne pas le reconnaitre. Bon, il est terriblement monolithique, et joue mal, il faut le dire. Cela renforce néanmoins son potentiel comique, et il est parfois très drôle. A ses cotés c’est assez inégal. Si Jorge Vargas est vraiment pas terrible, Julia Benson et Nicole Munoz livre des prestations sobres et relativement convenable, bien qu’il ne faut pas être non plus très exigeant. Finalement c’est Chad Krowchuk qui tire le mieux son épingle du jeu dans la seconde partie, offrant une prestation franchement orientée comique, et même s’il est parfois un peu cabotin, il est bien dans le ton d’un comédie.
Le scénario commence comme un film de monstres classiques, mais va rapidement virer au n’importe quoi, jusqu’à un final incroyable reconstituant le siège de fort Alamo avec trois péquenots en défense, et une armée de chupacabra en attaque. Franchement, certes l’histoire ne casse pas la baraque mais elle a deux points très positifs : elle est parfaitement rythmée. Ca va très vite, avec beaucoup d’action, du rebondissement. Et deuxièmement Chupacabra se veut très souvent second degré. Alors certes tous les moments comiques ne sont pas volontaires, il y a une multitude d’incohérences (les mousquets de 1836 qui n’ont pas besoin d’être rechargés, la porte du souterrain ultra-secret qui débouche sur un parking !), et c’est souvent n’importe quoi, mais parbleu, c’est bon. Honnêtement c’est sans limite, et c’est réjouissant de voir cette liberté à l’écran.
Visuellement bon, le spectacle est assez minable. La mise en scène de Terry Ingram n’a rien de génial, le réalisateur devant composer avec un très petit budget et visiblement n’ayant pas le talent pour en gommer les aspérités. La photographie est franchement laide, et les décors laissent à désirer. On ne croit pas une seconde au fort Alamo de la fin, et le pire réside dans les trajets à moto d’Estrada. Là vous allez vous tordre car les décors sont impayables ! Pour le reste les effets spéciaux ne cassent pas la baraque, mais le film a un mérite : il est généreux. De la sorte il y a énormément de créatures, et elles interagissent pas mal du tout avec les humains, lors d’attaques qui sont pour le coup enthousiasmante. Fluides, souvent bien nerveuses, elles présentent de réelles qualités qui rendent le spectacle divertissant. Quelques effets horrifiques pas très bons, mais passables. Pour la musique en revanche ce n’est pas super. La bande son est souvent présente mais elle passe quand même à coté la plupart du temps.
Bon, au final voilà une production qui ne va pas rester dans les annales, ni dans le sens du nanar ultime, ni dans celui du chef-d’œuvre méconnu. Pour autant Chupacabra est un film sans prise de tête, généreux, qui offre beaucoup avec peu de moyens, multipliant pour notre plus grand plaisir, attaques, fusillades, effets sanglants, et idées culottées. C’est assez régressif bien sur comme spectacle, mais c’est suffisant pour passer sur les nombreux défauts du film. Je lui accorde donc un 3, car s’il est drôle, il est pour autant nettement inférieur aux références du genre.