A chaque que j’ai regardé un film de Kiyoshi Kurosawa (à savoir "Cure", "Seance", "Licende To Live", "Kaïro", "Charisma", "Doppelganger", "Jellyfish", "Loft" et "Tokyo Sonata"), jamais je n’ai été autrement que surpris et interloqué…mais dans le bons sens du terme : cet homme a un don pour retranscrire à l’écran une sorte de recherche constante sur l’âme humaine. Aujourd’hui, il continue avec "Real" : alors que sa petite amie Atsumi est plongée dans le coma après avoir tenté de se suicider, Koichi ne comprend pas cet acte insensé, d'autant qu'ils filaient le parfait amour. Pour tenter de la ramener, il va alors accepter de tester un programme nouvellement crée permettant de pénétrer dans l'inconscient d’une personne…Ce n’est pas la première fois au cinéma que l’on nous amène à rentrer dans la tête de quelqu’un ("The Cell", "Eternal Sunshine of the Spotless Mind", "Ouvre Les Yeux", "Vanilla Sky", "Extracted", "Inception", "Dreamscape", "Paprika", "Source Code"…), mais ici c’est avant tout une très belle histoire d’amour qui nous est contée au travers d’un thème SF dont le sujet principal est le remords. Mais la grande force de la mise en scène de "Real", c’est la représentation des pensées d’Atsumi qui sont à la fois belles, poétiques, mélancoliques, perturbantes, mystérieuses, malsaines et terrifiantes ! Kurosawa se fait d’ailleurs plaisirs en nous proposant de bons moments de trouilles avec les apparitions soudaines d’un gamin trempé des pieds à la tête et les matérialisations de ses dessins horrifiques (qui n’ont rien a envier au travail du Maître de l’Horreur, Junji Ito !) Nous sommes donc transportés dans un incroyable voyage fantasmagorique unique en son genre, jusqu’à son étonnant et symbolique final. Très bien réalisé, avec des moments vraiment impressionnants soutenus par des effets spéciaux très réussis (« l’évaporation » de la ville ou encore la « bébête » de la fin), souffrant toutefois de quelques longueurs (le film fait 2h et aurait très bien pu se faire en 1h40/1h45) nous imposant un rythme lent et onirique qui est assez paradoxal avec l'urgence du contexte (cela fait déjà un moment que Atsumi est dans le coma et chaque minute qui s’écoule s’éloigne de plus en plus du monde réel). Encore une jolie réussite scénaristique et visuelle de la part de Kiyoshi Kurosawa, qui confirme une fois de plus qu’il est l’un des réalisateurs japonais en activité les plus intéressants qui soit.