Et si, six ans après la naissance de votre enfant, vous vous rendiez compte qu’il n’est pas vraiment le vôtre ? Ryota et Midori Nonomiya découvrent un jour la terrible vérité. Leur bébé a été échangé avec un autre enfant à l’hôpital. Les deux familles vont se rencontrer, apprendre à se connaître et décider ensemble du destin qu’elles vont choisir pour leurs enfants. La première famille est une famille japonaise banale. Élevant leur enfant dans la modernité, les parents, le père surtout, sont obsédés par la réussite. La seconde est plus traditionnelle. Tout aussi aimante, mais plus dans l’accompagnement par le jeu. Le petit garçon a même un frère et une sœur. Dans les deux cas, c’est surtout le père qui définit l’éducation de l’enfant. La confrontation des deux familles a un air de l’éternel choc des classes. De la même façon que dans « Le promeneur d’oiseau » de Philippe Muyl, les propos convergent vers le fait que finalement, un enfant sera plus heureux élevé à la campagne, dans un milieu plus pauvre que dans un bel appartement en plein centre-ville. C’est un point de vue un peu simpliste, mais il reste facilement parlant à tous. Il paraît ainsi insensé de préférer la famille Nonomiya à la famille Saiki. Pourtant, c’est à travers les yeux des Nonomiya que l’on avance. Ce n’est pas qu’ils soient antipathique, c’est simplement que personne n’aimerait avoir Ryota comme père. Il est trop sévère et exigeant, trop distant avec son fils qui l’admire pourtant. La mère de Keita, elle, est bien plus nuancée. Il lui arrive d’être exigeante comme son mari, mais elle déborde constamment d’amour pour son garçon. Elle est le personnage le mieux écrit de l’histoire. « Tel père, tel fils » pose surtout la question sur la définition du lien paternel. Le père est-il celui qui partage le sang ou celui qui élève l’enfant ? C’est cette question qui soulèvera le débat. Un débat qui ne laisse pas insensible. Il n’empêche que si comme moi vous avez un avis déjà tranché sur la question, les interrogations des parents risquent fort de vous exaspérer de temps en temps. Il faudra passer par les phases d’interrogations, de week-end "d’échange d’enfant", pour arriver à un échange qui se veut permanent, ou peut-être pas d’ailleurs. Heureusement, les évènements se déroulent intelligemment et avec un bon paquet d’émotion. Le dénouement proposé par Hirokazu Kore-eda est pleinement satisfaisant. Les acteurs interprètent correctement leurs personnages, mais il est difficile d’évaluer pertinemment leur performance lorsqu’elle est accompagnée d’un doublage français exécrable. Le jeune acteur qui prête ses traits à Keita est adorable, un vrai enfant star qui pourrait aller loin. « Tel père, tel fils », Prix du jury à Cannes en 2013, est une œuvre sensible réussie. Sa force étant surtout l’écriture des personnages. Hirokazu Kore-eda excelle dans l’étude de l’enfance et des rapports familiaux, sujet déjà abordé (apparemment avec succès) dans ses films « Nobody Knows », « I wish » et d’une certaine façon, « Air Doll ».