"Lulu femme nue", je l'ai vu dans le cadre du Festival "Drôles d'endroit pour des rencontres" (décidément, j'en ai vu des films dans le cadre de ce festival, mais là on touche presque au but :o), lors d'une projection en présence de la costumière du film qui nous a raconté à quel point les habits des personnages du film étaient essentiels pour qu'on croie à ces gens modestes mais tellement humains qui peuplent le film de Sólveig Anspach, libre adaptation de la BD d'Etienne Davodeau.
Cette BD, je l'ai d'ailleurs lue après avoir vu le film, et je pense que j'ai eu raison, car évidemment la BD est sans doute plus riche, plus détaillée plus poétique aussi que le film, mais l'adaptation par la cinéaste d'"Hauts les coeurs" n'en reste pas moins très réussie, malgré 10 premières minutes pendant lesquelles il faut se faire à cette image pas terrible (j'ai toujours un peu de mal avec les films tournés en numérique, pourtant on en voit de plus en plus).
Forcément, on l'a d'ailleurs dit ici et là, et la présence de Claude Gensac dans les deux films accentuent cette comparaison. "Lulu femme nue" n'est pas sans rappeler "Elle s'en va" d'Emmanuelle Bercot, un autre film sur une femme qui s'échappe pour mieux renaitre, un film que j'avais vu, je m'en rappelle parfaitement, le jour même de mon anniversaire, invité par les cinéma Pathé pour l'occasion.
Mais si si l'escapade en voiture de l'immense Catherine Deneuve m'avait bien laissé de marbre, la fuite en avant de Karin Viard à Saint Gilles Croix de vie Anspach m'a beaucoup touché. "Lulu femme nue" est une oeuvre délicate, nourri de tendresse et d'humanité, mettant en avant ces liens qui se tissent et se retissent entre des gens un peu trop isolés, un peu trop perdus sans la solitude, un peu à la marge, qu'ils soient ancien repris de justice ou personnes âgés sans plus aucun lien social. Tous ces personnages écorchés vifs, blessés par l’existence, paumés au grand coeur sous des apparences un peu rustres, la cinéaste donne à chacun d'entre eux, le temps de nous les faire aimer, et rien que cela est fort louable dans un cinéma français où l'humanisme n'est pas toujours présent.
Une aventure modeste, mais qui laisse vraiment une bien belle place à ces personnages qui ont connu des erreurs de parcours mais à qui on laisse une seconde chance. On aime beaucoup ce Charles (interprété par un Bouli Lanners qu'on a jamais connu aussi séduidant), ex-taulard dont elle s'amourache, ses deux frères pieds nickelés assez hilarants (avec Philippe Rebot, aussi bon que dans Mon ame par toi guérie, un film auquel on pense aussi, mais en moins fort), et bien sur, dans la dernière partie du film, Marthe (Claude Gensac) qui se fait piquer son sac avant de s'attacher à sa voleuse..
Bref, des acteurs magnifiés et qui donnent tout leur savoir faire, notamment Karin Viard qui incarne ce rôle de femme à la dérive sur la pente de la guérison avec énormément de justesse et de sensibilité.