"Les Vacances du Petit Nicolas", ne me faites pas marrer (ce que Laurent Tirard a parfaitement réussi pendant 1h30, d'ailleurs, ne pas me faire marrer), le film aurait dû s'appeler "Les Vacances des Parents du Petit Nicolas" tant les aventures du pauvre Nico passent au second plan, laissant Kad Merad et Valérie Lemercier assurer mollement la plus grande partie d'un spectacle mou lui aussi et assez insipide. Non mais sans déconner, vous imaginez un film de Superman où 90% de l'action serait consacrée à Jonathan et Martha Kent dans leur ferme ? Non ? Alors... A part ça, je ne suis d'habitude pas trop tatillon sur les incohérences entre deux films d'une même série ; ici, par exemple, je conçois parfaitement qu'on ait dû changer d'acteur pour incarner le Petit Nicolas à 5 ans d'intervalle. Ce que je comprend moins, c'est si "Les Vacances du Petit Nicolas" est censé être la suite du film de 2009 ou non. Parce que si mes souvenirs sont bons, il avait bien une petite sœur, Nicolas, à la fin du premier film, non ? Z'en ont fait quoi de la gamine, là ? Passée par pertes et profits suite à des projections-tests montrant son faible potentiel marketing ? Noyée dans le scénario ? Noyée dans le scénario, ça doit être ça vu que c'est exactement ce qui est arrivé à l'esprit de Goscinny. S'il est bien présent et cité au générique (avec Sempé, en tant que créateurs des personnages et à travers la supervision de sa fille Anne, gardienne du temple peu inspirée), son style, son humour et sa finesse sont cruellement absents d'un film où les gags qu'on voit venir des kilomètres à l'avance s'enchaînent poussivement, sans grande cohérence et sans aucune suite dans les idées. Poussif, voilà bien le qualificatif qui colle le mieux au film. Poussif et poussiéreux, aussi, car autant "Le Petit Nicolas" dégageait une espèce de charme désuet et suranné, autant "Les Vacances..." fait vieille France, les couleurs pastels de l'hôtel Beau-Rivage et une vague et vaine tentative d'esthétique à la Wes Anderson n'y changeant rien. Et puis, niveau poussière, aller en 2014 pomper des gags dans "La grande Vadrouille", aussi réussis soient-ils (réussis dans "La grande Vadrouille", hein, sûrement pas ici), ça n'arrange rien ! Bon, cela dit, on sourit quand même devant une ou deux répliques ("On ira dans des endroits super chouettes comme Tahiti ou Le Havre !"), une ou deux situations (le Petit Nicolas rédigeant ses lettres de rupture sous la dictée autoritaire de ses nouvelles petites amoureuses) ou devant la galerie des copains, seuls vestiges de l'œuvre de Sempé et Goscinny (me semble-t-il) ayant survécu au scénario écrit à la machette par Laurent Tirard et Grégoire Vigneron. Ah non, vraiment, ils ne se sont pas foulés au scénar et je ne suis pas sûr qu'ils aient franchement été aidés par la collaboration de cette quiche de Jaco van Dormael que, sur un malentendu, le public et la critique ont un jour pris pour un artiste doublé d'un poète. Enfin, c'est les vacances, il fait beau et chaud, on n'a pas franchement envie d'être trop exigeant et, s'il n'est clairement pas terrible (mais alors, pas terrible du tout), "Les Vacances du Petit Nicolas" n'est pas vraiment ce qu'on peut appeler une grosse merde. Ou alors, une grosse merde inoffensive. Ce qui est déjà moins grave.