Difficile de faire plus déglingué que ce film ! Et pourtant, malgré la négligence de son récit, sa propension à recycler les blagues carambars et les gags potaches venus tout droit des films des Charlots, et malgré les facilités d'un discours contestataire assez complaisant, il se dégage de cette comédie désarticulée un parfum charmant et libertaire, dénué de cynisme et plus sérieux qu'il n'y paraît, chose devenue fort rare de nos jours.
Et comme dans ces films utopiques des années 70, on se moque de l'état, des musées, des médecins, de la police... mais au sens propre, un peu comme des garnements innocents et espiègles (en se déguisant en gardien de musée ou en policier, et en tirant des “balles au chloroforme”), tout en proposant un véritable sentiment de liberté (qui fait penser à l'utopie sociale de L'AN 01 de Doillon).
La nostalgie des années 70 ne se manifeste pas seulement dans un humour digne des premiers Zidi ou de Max Pécas (mais avec la distance postmoderne qui convient, celle de Vincent Macaigne, égal à lui-même), mais aussi notamment dans la présence de nombreuses voitures européennes des années 70-80 (c'est parfois un véritable catalogue de voitures vintage), dans les costumes, les décors impossibles à ancrer dans une époque précise (et là, on pense à DU CÔTÉ D'OROUËT et aux autres films de Jacques Rozier).
Vimala Pons, héroïne très belle, à la fois athlétique et mutine, gambade au milieu de toute cette déglingue et éclaire ce road movie décalé de son délicieux air moqueur et de sa facilité... à faire tenir en équilibre sur sa tête les objets les plus incongrus.
On peut d'ailleurs regretter que ses qualités d'acrobate n'ai pas été développées dans l'histoire, tant ses aptitudes au jonglage et au fil-de-férisme semblent aller de pair avec la narration instable, fragile et en perpétuel déséquilibre d'Antonin Peretjatko, nous entrainant, à la suite de cette “Truquette” taquine et espiègle, dans une histoire faussement légère, avec en sous-texte un propos très inspiré par l'idéal libertaire et le situationnisme. Suprême ironie, le nom de Guy Debord apparaît même fugacement... comme solution d'un jeu télévisé !!!