Sur les conseils d'un bon ami, j'ai regardé hier en DVD le film d'Antonin Peretjatko, le délicieusement barré La fille du 14 Juillet. Quand ce long métrage était sorti au cinéma, je n'y croyais pas du tout. Ça avait l'odeur d'une comédie faussement fofolle sous influence nouvelle vague, un truc d'auteur français bourré de références à des films chiants. La fille du 14 juillet, c'est un film d'auteur, c'est influencé par la nouvelle vague, c'est bourré de références à des films chiants, mais oh surprise, c'est tout sauf assommant. Le film de Peretjatko, c'est un OFNI qui redonne foi en la comédie française, tout simplement.
Quand on réalise un premier long métrage, on tombe souvent dans le travers de vouloir trop en faire. On ne sait jamais si on aura la chance de réaliser un deuxième film, donc on bourre son premier long de tous les sujets qui nous tiennent à cœur. Une première œuvre est donc souvent boursouflée, pleine de bonnes intentions et souvent bancale. Le miracle de La fille du 14 juillet tient dans le fait que son réalisateur a saturé son film de références et qu'il en a tiré un film aérien, léger, drôle et lumineux. Les influences sont légions : L'écume des jours de Boris Vian pour la présence de nombreux gadgets poétiques (dans le livre le piano cocktail et dans le film le pistolet à balles de chloroforme), la gestuelle à la Tati, le cadrage François Truffesque, les apartés face caméra Jean Luc Godard style, du De Funès version gendarme de St Tropez, du Eric Rohmer tendance Pauline à la plage, l'humour des Hots Shots etc etc etc....Un vrai plaisir de cinéphile.
En règle général, les films français qui s'inspirent de la nouvelle vague sont prétentieux, fiers d'être intello et ennuyeux à mourir. Je pense notamment à Christophe Honoré et ses longs métrages comme Dans Paris ou La belle personne. Bertrand Bonello également avec son intéressant mais tellement chiant Le pornographe. Antonin Peretjatko assume totalement ces "influences cahiers du cinéma" en livrant un film d'une drôlerie incomparable. C'est le deuxième miracle du film. La scène du repas chez le docteur Placenta est un moment d'anthologie. Ça faisait très longtemps que je n'avais pas pleuré de rire devant un film. Le cinéaste retrouve le côté ludique du médium cinématographique. On peut très bien commencer une discussion dans un bar et la terminer dans un musée par un faux raccord du tonnerre. Bah ouais, on est libre avec le cinéma en fait. On est pas obligé d'être linéaire, crédible, sérieux. Peretjatko se réapproprie les codes de la nouvelle vague avec une vraie vitalité, avec un sens du comique parfait et une invention de tous les instants. Je crois qu'il y a bien une idée géniale à la seconde dans ce film. Le truc qui est beau quand même, c'est que le réalisateur puise son inspiration autant du côté populo que du côté intello. Moi ça me plaît grave. Ça doit être un mec bien cet Antonin, j'en suis sûr...
Et puis comment ne pas parler du message du film : En temps de crise, ou la loi du plus fort règne, La fille du 14 juillet nous dit de tout plaquer, de prendre une bagnole et d'aller sur la plage avec des potes, de bien bouffer, de bien boire, d'être amoureux et de profiter de chaque instant de la vie. Un esprit soixante-huitard fort agréable et pas énervant pour un rond. Ouais, parce que les mecs peace and love en 2014, on a juste envie de les frapper en général.