Avec un budget limité, Denis Dercout réalise un film étrange et frappant, autour de sujets toujours troubles. Au coeur de l'inconscient d'une jeune femme, Anna, indifférente au monde, si blanche et "fragile". Vous n'en sortirez pas indifférent.
Sur le plan technique, le film impressionne : par sa maîtrise du "flou", qui dirige nos regards et redouble le jeu d'acteurs. La caméra suit Anna avec pudeur et discrétion, interrogeant son visage impassible par de longs plans fixes, se perdant dans ses cheveux, sa peau, dans les séquences en mouvement.
Sur le plan dramaturgique, le film nous prend dans son étau à la première scène de "cuisine", avec un bruit qu'on ne peut oublier. On le sait, à partir de cette scène, tout est possible. La tension s'installe dans chaque séquence du film, portée par une musique à la fois aérienne et subtile.
On plane avec l'actrice (impressionnante), on tremble avec la caméra, on s'interroge avec le psychiatre. Et on reste tendus, accrochés au film, comme si tout pouvait basculer à chaque instant.
Une belle réussite, avec peu de moyens (techniques notamment), portée par un réalisateur aux sujets toujours détonnant, et une actrice exceptionnelle.