Film très personnel, partiellement autobiographique.
Deux très jeunes sœurs (16 et 17 ans) débarquent à Lisbonne en 1980, fuyant la guerre entre l'UNITA et le MPLA, leurs parents ayant dû rester en Angola . Elles trouvent dans leur affection mutuelle les ressources pour se construire seules dans un univers hostile.
Le thème et le scénario aurait pu conduire à un film noir. Pocas Pascoal a choisi au contraire de le faire doux, esthétiquement (jolies couleurs de Lisbonne), parfois même léger (les fous rires de deux gamines) ; les scènes plus dramatiques, une scène de deuil notamment, sont pleine de retenues (elles y gagnent en fait en réalisme). On sent cependant la fragilité de ces gamines, et l'on a parfois peur pour elles.
Très bien joué par deux actrices débutantes et très complices. Pocas Pascoal nous fait précisément comprendre leur caractère. Vous ne pourrez que les aimer. Leur affection réciproque est contagieuse.
Le film est très loin d'une thèse sur l'asile politique. Il ''date'' du reste sur ce plan, nous ramenant à une époque où la France était encore vue comme le pays des droits de l'homme. Notre pays était aussi alors, le film le dit, un rêve d'adolescente. L'est-il encore ?
Il se termine avec la fin de l'épisode portugais, charnière dans la vie des deux sœurs. Le spectateur est bien sûr curieux de savoir ce qu'elles sont devenues. On le sait, l'une est maintenant un metteur en scène très doué ; on apprend, avant le générique, un peu de ce qu'est devenue la seconde. Laquelle est laquelle ? Laquelle a fait ce film ? Un peu de trouble qui conduira à repenser au film, et à prolonger le plaisir.
Pocas Pascoal ressemble bien sûr à son film, partiellement autobiographique. Joliment souriante, elle semble reconnaissante à la vie pour ce qu'elle lui a apportée, bien qu'elle ne lui ait pas toujours été généreuse.
NB Ce film avait été présenté en avant-première sous le titre ''Ici, tout va bien'' à Visions d'Afrique, à Oléron en octobre dernier. Félicitations aux organisateurs de ce festival pour ce choix !