Comme pour Saint Laurent, le film de Céline Sciamma a été largement encensé par la critique institutionnelle, et même si je l'ai vu presque un mois avant sa sortie en salles (lors de la projection d'un film surprise du Ciné Brunch du Comoedia), j'en avais déjà pas mal entendu parler lors de sa projection à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes, où il avait quand même enthousiasmé une grande majorité des festivaliers.
En fait, je me suis retrouvé avec le même problème non seulement qu'avec Saint Laurent, mais surtout qu'avec Tomboy, le précédent film de Céline Sciamma qui avait également énormément plu à la critique, et un peu moins à moi.
Comme pour TomBoy, Céline Sciamma démontre dans son dernier long métrage un vrai talent de filmeur sur presque tous les plans, et cela se manifeste dès la première scène de football américain, stylisé et formidablement cadré qui fait penser au meilleur du cinéma américain.
Le film s'éloigne ainsi des carcans du naturalisme inhérent aux films de banlieue, avec une forme en totale inadéquation avec ce que l’on a l’habitude de voir pour ce type de long-métrage, par le biais d'une hyper stylisation très souvent réussie (on pense notamment à cette scène de danse sur Diamonds dont tout le monde a beaucoup parlé et qui effectivement est un vrai plaisir de spectateur).
Mais comme pour Tomboy, Bandes de filles s'avère être, à mes yeux tout du moins, plus comme un film de mise en scène que de scénario, et les belle qualités formelles et visuelles évidentes se font détriment d'un vrai scénario et de vrais personnages auxquels j'ai pu m'attacher. Le problème de Bandes de filles est que le scénario n'arrive jamais vraiment à s'affranchir des poncifs et stéréotypes des films de banlieue ( les grand frères violents et tyrans, le racket, les vols dans les supermarchés, les caids qui règnent sur le marché de la drogue), et contrairement à la Haine ou l'esquive, les deux films français de référence sur la banlieue ne propose pas de vision originale et audacieuse sur un thème que l'on (que j'ai en tout cas) beaucoup vu au cinéma tant on déjà vu ce type de portrait d’une jeune banlieusarde qui n'arrive pas à s'affranchir du déterminisme social qui la façonne.
Le film préfère se foclaiser à des moments creux de déambulation dans la cité ou dans le métro, et oublie de creuser une véritable intrigue et de véritables personnages. A part l'héroine, à qui la débutante Karidja Touré lui offre son incroyable de douceur et de détermination, le reste des personnages qui l'entoure n'existe pas vraiment et reste de simples marionnettes au service d'une intrigue qui fait du surplace.
Bref, malgré ses indéniables qualités, "Bande de filles" ne restera pas dans mes films préférés de l'année et déçoit même un brin, car on aurait vraiment espéré que le parti pris de réalisation de Céline Sciamma nous amène sur des chemins de récit moins balisés et plus étonnants.