Bande de filles est à la hauteur de Tomboy, belle surprise de 2011 qui m'avait laissé assez estomaquée par sa finesse et son point de vue (n'en déplaise aux fachos, mes enfants l'avaient vu et avaient justement adoré). On retrouve ici l’œil subtil de la réalisatrice et sa manière de ne pas juger. J'ai vraiment crains les 20 premières minutes un énième film sur des petites "connes" des cités qui glandent et s'insultent gratuitement. Il faut attendre la (déjà!) culte scène de danse sur Rihanna pour sortir des clichés et de la facilité face à cette histoire de "bande de filles" pas si simpliste que cela. Il y a un vrai regard bienveillant sur ces 4 belles nanas qui veulent juste vivre leur vie, assumer leur personnalité, sortir des codes de la cité, avoir une chance d'en sortir mais tout en s'y complaisant souvent, tout en jouant de leur violence et comportement aussi exaspérant, bouleversant que pathétique. Mention bien sur aux actrices, confondantes de naturel et grâce, spécialement Lady et Vic (magnifiques!). Le film tourne parfois en rond (surtout le dernier 1/4 d'heure) mais il est assez bien emballé pour ne pas perdre le spectateur en route. C'est même très beau visuellement, un esthétisme qui contraste même avec la violence du propos. La musique électro ajoute une touche de puissance à l'ensemble. Je n'ai juste pas aimé les ellipses avec fond noir qui casse l'ambiance générale. Je n'ai pas saisi leur utilité. On peut reprocher à la réalisatrice un scénario déjà vu et quelques facilités quant aux destins de ces jeunes filles mais c'est tellement bien présenté et puissant par moment, que les doutes sont vite atténués. Il y a réellement un petit plus qui donne envie de foncer avec ces nanas. C'est bien la "patte" de la réalisatrice : se saisir de sujets forts pour en faire une oeuvre tour à tour poétique, vibrante, bienveillante et surtout humaine. Tout le contraire de Mommy qui jouait sur l'émotion, prenait un sujet tout aussi fort pour appuyer (taper?) dessus et provoquer les pleurs, rires au bon endroit, au bon moment (un peu factice au final). Ici, l'émotion vient tout doucement, naturellement, je n'ai pas ressenti de manipulation mais une vraie sincérité. Même si on connait les codes de la cité, l'identification de ces jeunes filles qui passent soit par la violence, soit la sexualité, soit la soumission ou tout à la fois, on se laisse envahir par la surprise, le dégout, la peur, la joie, l'humour de ces filles qui ne savent pas comment s'émanciper de ces codes (ou trop bien au contraire). Pour preuve, les sublime scènes dans leur havre de paix qu'est une chambre d'hôtel. Le final est lui aussi renversant : le prix à payer pour la liberté est très cher. Hâte de voir le film suivant de la réalisatrice mais aussi de ces jeunes actrices. Je recommande.