Gabrielle, 22 ans, est atteinte du syndrome de Williams (SW). Cette affection génétique fait qu'elle a un important retard mental (QI limité à 60) et un visage "elfique" (grand front, joues pleines, grande bouche avec lèvre inférieure éversée, pointe du nez bulbeuse.....). Le rôle-titre est joué par une jeune femme à SW, une vraie "Gabrielle" (Marion-Rivard). La cardiopathie sévère qui touche la plupart des sujets est ici remplacée par la scénariste-réalisatrice par un diabète, lequel doit probablement concerner son interprète (également assez fréquent chez les SW). Ces handicapés sont très gentils et serviables, mais semblent condamnés à rester à l'écart de la société ordinaire, car incapables de vivre en autonomie.
Les SW sont assez doués en règle générale pour la musique, alors qu'atteints de déficience visuelle, ils sont incapables de dessiner. Les 2 Gabrielle, le personnage comme son interprète, ne font pas exception, ce qui a permis à Louise Archambault de bâtir son film autour d'une anecdote centrale : Gabrielle a rencontré Martin (rôle de composition pour Alexandre Landry), 25 ans (qui a aussi un retard intellectuel, mais moins important, car il a une certaine autonomie), à la chorale "Les Muses de Montréal", composée uniquement d'handicapés mentaux, qui doit accompagner la vieille gloire Charlebois lors d'un spectacle de chorales du monde devant se tenir comme tous les ans dans la grande ville canadienne. Elle en est tombée amoureuse - emballement réciproque, mais freiné par les familles des tourtereaux, surtout par la mère du jeune homme. L'argument est extrêmement mince, les "péripéties" prévisibles, les blancs comblés par des musiquettes nostalgiques. L'ensemble tient plus du docu-fiction que d'autre chose, et est terriblement bien-pensant. Cependant, la réalisation est assez légère pour éviter le produit lourdingue redouté. Un court (voire un moyen) métrage aurait été le format idéal.