Gabrielle, c’est le prénom d’une jeune femme amoureuse, qui veut vivre son amour « normalement » malgré son handicap intellectuel (syndrome de Williams).
Louise Archambault, la réalisatrice canadienne nous montre avec délicatesse comment deux jeunes adultes handicapés intellectuellement vivent leur histoire d’amour et leur sexualité. Un sujet plutôt rarement traité au cinéma, encore tabou qui montre que fondamentalement tout le monde peut vivre l’amour. Louise Archambault fait en sorte que le spectateur soit immiscé dans le quotidien de Gabrielle et Martin (les deux personnages principaux) pour montrer combien ils ont les mêmes désirs et émotions que tout le monde. Le film est intimiste, montre le désir et l’amour d’un point de vue sensoriel et fébrile. Certaines images ont le son coupé, ou sont au ralentis, d’autres encore sont musicales et entrainantes.
La musique dans ce film est un troisième personnage, et a une grande importance. Gabrielle et Martin font partie d’une chorale. La musique les rassemble, donne envie de s’ouvrir aux autres, et leur procure de la force. Et nous, en tant que spectateur, elle nous entraine, et nous atteint de manière viscérale. La présence d’un artiste québécois « Robert Charlebois » rend ce film encore plus vrai, plus réaliste. La chanson « ordinaire » de Robert Charlebois prend tout son sens quand elle est chantée par les choristes, et surtout par Martin (l’amoureux de Gabrielle) qui souhaite se réaliser comme quelqu’un de « normal ».
Il est intéressant de voir comment cet éveil amoureux provoque soudainement chez Gabrielle et Martin un besoin d’indépendance et une quête d’autonomie, dont le quotidien est géré par la famille et les intervenants. Les obstacles que vont rencontrer les deux personnages renforcent cette soif de liberté, et cette volonté d’être ensemble. Ce film est d’autant plus réussi quand on sait que les acteurs ne sont pas professionnels, qu’ils sont réellement handicapés intellectuellement, (à l’exception du personnage de Martin). Louise Archambault a réussi à trouver cette vérité chez les acteurs, cette authenticité qui nous fait presque oublier que c’est du cinéma ! La performance de Gabrielle Marion Rivard est remarquable, elle illumine le film par sa sensibilité et son sourire.
Ce film met tout simplement l’amour en valeur, il est pur.
PS : Comme "Monsieur Lazhar" et "Incendies", deux très bons films québécois, "Gabrielle" est aussi une production de la compagnie « micro-scope ». Ce film a remporté le prix du public au Festival de Locarno et le Grand Prix Cinéma ELLE.