Quatrième « Classique d’animation » des studios Disney après Blanche-Neige et les Sept Nains, Pinocchio et Fantasia, Dumbo incarne à la fois le film de la dernière chance après les échecs successifs et financiers des deux précédentes productions, mais également l’un de ses films les plus poétiques et bouleversants.
Pour la troisième fois, Disney reste dans le registre de la littérature enfantine en adaptant l’histoire d’Helen Aberson, Dumbo, publiée en 1939. L’idée est suggérée à Walt Disney par l’un de ses dessinateurs, mais le scénario original étant trop bref, ses collaborateurs décident de développer une histoire plus longue, qui serait adaptée en un long-métrage. Même si le créateur de Walt Disney a, pendant quelques temps, privilégié l’idée d’un court-métrage de trente minutes, il est rapidement convaincu par le projet de deux de ses plus brillants scénaristes et opte pour la proposition d’une adaptation plus longue. En janvier-février 1940, Dumbo peut enfin commencer à voir le jour dans les studios Disney.
L’histoire, à la fois poétique et bouleversante, reprend des éléments du Vilain Petit Canard mais change la nature du personnage principal. En effet, elle présente le parcours juché d’embûches d’un éléphanteau doté de larges oreilles, de son arrivée des cieux pour rejoindre sa mère jusqu’à l’acceptation de sa différence pour en faire une force. Véritable leçon de tolérance et de confiance en soi, ce long-métrage ne dure guère plus d’une heure, ce qui en fait le deuxième plus court des studios, principalement pour des raisons budgétaires. La production du film est également l’une des plus brèves connues à ce jour, avec une durée d’environ un an et demi (en comparaison, Blanche-Neige et les Sept Nais avait nécessité trois ans de travail). Enfin, grâce aux économies réalisées dans l’animation, le budget final parvient à ne pas dépasser la barre du million de dollars.
Le 23 octobre 1941, la première projection de Dumbo a lieu à New-York. Malgré un aspect narratif plus simple que ses prédécesseurs, Dumbo réussit l’exploit d’offrir une histoire émouvante avec des coûts réduits. Bien que muet du début à la fin, cet éléphanteau moqué mais attendrissant profite d’une somptueuse animation et ne peut laisser personne insensible.
Néanmoins, la séquence des éléphants à rose, dont on peut comparer le surréalisme à la première scène musicale de Fantasia, peut laisser assez dubitatif quant à sa pertinence et son intérêt dans un long-métrage jusque-là plutôt réaliste. Mais ses doutes ne peuvent, à eux seuls, altérer la qualité globale de l’œuvre, dont la musique présente l’un des principaux atouts et se voit récompensée par l’Oscar de la meilleure musique de film en 1942.