Ce film véhicule pour moi tout ce que je déteste dans un certain cinéma français, un cinéma vaniteux, suffisant, prétentieux et condescendant !
1) Une espèce de condescendance en filigrane vis à vis du spectateur qui est comme une injonction à aimer - que dis-je à célébrer ! - sous peine d'être frappé d'ignorance et de médiocrité intellectuelle et cinématographique,
2) Une incommensurable vacuité dans le contenu qui cherche à nous faire croire que ce vide sidéral est en fait une grande profondeur intellectuelle à laquelle nous n'avons pas accès car non initiés au génie,
3) La célébration de la banalité et de la platitude des personnages et de leurs existences d'une pauvreté affligeante tant sur le plan humain que cinématographique.
Ce cinéma là est un cinéma autiste, auto convaincu de son génie inaccessible au commun des mortels bien trop médiocre pour accéder à de telles profondeurs !
Le génie de l'art ne peut pas être aimé de tous, il doit être détesté de la masse populaire pour briller de tout son génie !
C'est d'ailleurs dans la détestation des masses que ce cinéma trouve la justification de son génie et nivelle son supposé caractère exceptionnel !
Mais voilà...
Le scénario est d'une platitude sidérale (le "ne rend pas les choses plus difficiles" de Anna Mouglalis en est un exemple criant), le thème est d'un ennui incommensurable (tel aime untel mais untel en aime un autre, alors il quitte tel qui est déprimé qu'untel le quitte pour un autre tel...), la mise en scène est absolument quelconque, les dialogues sonnent affreusement écrits, les comédiens pour la plupart ne sont pas crédibles et Louis Garel qui se sous-entend pour une icône n'a certainement rien d'un James Dean, j'en passe...
Le noir et blanc ? Ah oui, le noir et blanc argentique auquel les Cahiers du cinéma attribue à lui seul une dimension d'exception ! C'est qu'il a le dos large - comme disait ma grand-mère ! - ce noir et blanc là ! Mais ce noir et blanc n'est là pour amoindrir toute la platitude de ce film, pour lui donner un supposé génie qu'il n'a pas en réalité ! Ce film en couleurs aurait été par trop révélateur de son caractère quelconque !
En résumé, ce film est à l'image de l'incompréhensible galimatias de cet extrait des Cahiers du cinéma qui sous des apparences d'absolue "pureté" flirtant avec les cieux nous vend un cinéma passéiste et nostalgique du temps où il suffisait de faire ronfler sur l'écran sa propre vacuité afin de donner l'impression de toucher au génie ! Un temps révolu depuis belle lurette et c'est très heureux !...
"On abuse souvent du mot « pureté », mais c’est bien de cela qu’il s’agit. Cinéma à l’état pur, cinéma argentique de visages projetés, eux-mêmes écrans sur lesquels brillent les sentiments. Cinéma à l’état pur, c’est-à-dire de la vie enregistrée avec cette acuité qui fait respirer plus fort, nous mettant face à l’intensité de l’instant." (Les Cahiers du cinéma).
Chers amis cinéphiles allez donc bien plutôt vous faire une bonne toile avec ce film extraordinaire qu'est "Rêves d'or" et qui lui, très simplement, très modestement, sans vanité mais avec un talent immense et une envie extraordinaire nous montre jusqu'où le cinéma peut aller dans l'expression de l'humain et de l'essentiel !