A 64 ans, William H. Macy signe son premier film, et nous a soufflé. Un très beau film sur le pardon, sur la reconstruction difficile après que son enfant décède dans des circonstances qui empêchent de faire son deuil en public... Ce papa endeuillé n'a rien vu venir, étant trop distant de son fils en chute libre mentale, et paye à présent son absentéisme : il regrette, il se questionne sur sa responsabilité dans l'acte de son fils, et surtout il ne peut pas demander de l'indulgence à autrui, du temps pour pleurer, étant devenu malgré lui "celui qui a élevé le monstre"... Voici donc qu'il croise la route d'un jeune ado qui rêve de musique, qui pourrait être celui que son fils aurait dû (pu ?) être, et décide donc de l'accompagner dans son projet musical. Billy Crudup est, comme à son habitude, très bon dans les rôles dramatiques à fleur de peau, le regretté Anton Yelchin (disparu trop tôt) donne encore plus de profondeur à son personnage (un écho terrible), et on prend un vrai plaisir à écouter leurs tubes (surtout Stay with You et Real Friends, qu'on adore). La fin douce-amère nous a un peu pincé le cœur, car on aurait naïvement voulu que les deux compères finissent leur route ensemble, mais comme on le dit nous-même, la naïveté et la facilité, ce n'est pas pour Rudderless, qui préfère nous offrir
un superbe morceau chanté par Billy Crudup (une réappropriation de la chanson de son fils, à mi-chemin entre l'hommage et l'aveu de tourner la page pour avancer...
oui, on a versé une larme), et terminer sur une note sensible et mélancolique. Le rythme est bon, le sujet est puissant, Billy Crudup et Anton Yelchin se donnent (et chantent) en parfaite symbiose, les chansons nous embarquent avec elles, et on termine le cœur serré, vraiment, Rudderless est une sacrément bonne surprise.