Magnifiques portraits de femmes, chacune offrant le reflet d’une génération, superbement interprétés par des actrices emblématiques.
En commençant par Maria, victime du dogme de l’apparence et du jeunisme, complètement annihilée par le fait que le rôle qu’elle interprète la renvoie à la réalité d’un âge qu’elle considère comme la fin.
Accroc à la jeunesse éternelle elle tentera de vampiriser son assistante, en l’enfermant dans sa névrose d’un passé révolu.
L’assistante : Valentine, image même d’une génération qui ne peut se révéler, entravée par des ainées qui lâchement refusent la maturité qui les convoque.
Obligée d’être adulte à la place de l’ainée, elle tentera de détruire le barrage qui obstrue l’inspiration qui permet à Maria d’exprimer son talent et se révéler entière, dans sa maturité.
Valentine espère à travers la réussite de sa quête, obtenir la reconnaissance de sa compétence et réaliser son ascension professionnelle, entourée de l’adulte qui palliera la défaillance maternelle dont elle est victime (c’est ce que j’en déduit, d’après la nature du rapport qu’elles entretiennent), en remerciement à son appui.
La relation qui s’opère entre ses deux êtres, se noue dans un cadre de transmission et d’évolution au sein d’une communauté.
Et enfin Jo-Ann la « tueuse (excellent le coup de la boîte à vomi, mais comment tu l'as ruinée la tassepé, mdr !) », génération des « survivalistes » résignée à ce que le seul moyen de s’en sortir est d’éviter de se faire bouffer.
Elle refuse le lien générationnel et sa transmission d’expérience, la considérant comme un asservissement et une arnaque mortelle, elle vit au présent acceptant les risques de son ignorance.
Cette histoire se déroule, sur fond de paysage montagnard d’une Suisse mythique (je craque).
Car le mythe s’invite sous la forme du serpent, avec la réécriture de la genèse à travers une nouvelle Eve qui refusera la confrontation avec le serpent, dans un jeu ou elle n'a rien à gagner et tout à perdre (s’est pour l’instant l’interprétation que j’en fais à mon degré de compréhension du moment).
Cette œuvre est une réalisation esthétique à plusieurs degrés.
Esthétique narrative à travers la référence mythologique de la genèse.
Esthétique visuelle par le décor naturel qui sert de toile de fond.
Esthétique inspirée de la nouvelle vague, dépouillée des excès existentiels, ego et précieux ridicules.
Esthétique des actrices dont l’identité a été forgée dans l’acier le plus pur, de la meilleur trempe.
Vous aurez compris que Valentine à ma préférence « maman a été méchante avec toi, viens voir papa, il est l’adulte qui te permettra de te révéler », pour ce qui est de préciser si il s’agit du personnage ou de l’actrice, je sort un Joker).
En résumé : un excellent instantané d’une époque en mal de repères.