Eh bah ma foi, c’est sûrement le moins pire des films d’Assayas que j’ai vu. (Non, je ne vais pas dire « meilleur » car c’est trop connoté positivement à mon goût !) J’avoue que seul le casting m’avait intrigué et qu’au-delà de ça, j’avais su me préparer à me faire « assayasser » pendant deux heures. Du coup, c’est peut-être pour cela que l’expérience ne fut pas si désagréable. Au-delà de la discutable mise en scènes des dialogues dans ce film (en gros c’est une sorte de monologue artificiellement dialogué) les trois actrices principales s’en sortent fort bien et le mariage est pour le moins intrigant. Dommage donc que, pour le coup, ce trio ait été constitué par un gars comme Assayas car, en terme de réalisation, le bonhomme est plus que resté égal à lui-même. Sa caméra au poing reste désespérément trop artificielle, tandis que ses plans de paysages sont d’une rigidité et d’une fadeur assez incroyables pour du cinéma tourné au XXIe siècle. Il faut qu’en plus, on retrouve régulièrement surligné tout le mépris qu’il a pour un cinéma formaliste qu’il ne semble toujours pas comprendre ni d’ailleurs maitriser (sa séquence parodique de blockbuster pique terriblement en terme de mise en scène. Si le but était de montrer que tout le monde pouvait le faire, eh bah c’est clairement raté). Enfin, il y a encore et toujours ce rythme irrégulier massacré par un jeu de monologues dialogués coupés par des cuts et des fondus aléatoires… Vous allez me dire que je lui taille un sacré costard à ce film pour un gars qui n’en disait pas trop de mal au départ. Ce n’est pas faux. Mais il me paraissait important de ne pas mentir sur la marchandise. « Sils Maria » reste un film dans la droite lignée des précédents films d’Assayas et ceux que ça rebute doivent le savoir. Par contre, si on sait se préparer à ça pour l’endurer en silence, je dois reconnaitre que malgré tout, le film est, dans son genre, plutôt bien écrit. D’ailleurs, la manière dont Assayas déploie son intrigue permet la mise en place d’une atmosphère assez feutrée et anxiogène qui parfois m’a clairement parlé,
notamment quand le quasi-mystique « serpent » de Maloja se met à imprégner cet étrange univers.
J’en viens presque à me dire que, pour un film d’Assayas, ce « Sils Maria » est un bon Assayas, parce qu’au moins, il est assez honnête. Certes, c’est un film prétentieux, dans lequel l’auteur met en image ce qu’il voudrait qu’on dise de lui à sa mort ; certes il ne parvient pas à parler d’autre chose que de son monde ; mais au moins cette prétention se limite qu’à ce qu’il connait le mieux, sans prétendre parler de chose qu’au fond il ne connait pas. Donc, pour les adorateurs de l’auteur, je me permets de le conseiller fortement ce film. Pour les autres, je pense que vous l’aurez compris, il n’est pas nécessaire de faire le détour…