My god, que sauver ? La musique de Schubert ? très belle, mais qui plombe l'ambiance un peu plus, vu qu'aucun lyrisme à l'image n'est à souligner....
Quoi d'autre : un joli paysage au début, joli lieu de tournage - et puis, c'est tout ! une caméra quasi fixe, ne permettant pas d'accéder à une forme d'intériorité des personnages, ni même à l'évoquer vaguement.
Quel est le gros problème : c'est long, long, long et vide, vide, vide : 0 sentiment, pas de souci de l'image, sauf à la considérer comme un joli décor d'arrière plan.
Et pourtant, ce vide n'est pas au service d'une esthétique de l'ébauche, du fragment : on pourrait imaginer que quelques plans longs puissent suggérer des choses au spectateur, l'inviter à rêver mais pas du tout ! Tout est dit ! tout !
Pendant 1h05, on sent qu'on va traiter d'un problème de morale : le propriétaire de l'hôtel, bien que bonne plume, est-il une grosse enflûre ? on essaie de nous distiller la réponse avec une première scène où on ne sait pas, on nous met le doute vaguement car il écrit bien dans son journal, et en fait oui avec la scène de l'imam - et au cas où on n'aurait pas compris, on vient le resouligner dans un dialogue avec sa femme qui traite directement (!) du problème de morale de la participation au mal par inaction, de manière théorique et on vient le reresouligner au petit-déj, avec un verbiage assommant, un débat théorique d'un ennui mortel, avant de nous illustrer la conversation par une deuxième scène de l'imam plein de bonnes intentions...
Donc, dans un film vide d'émotions (hormis musicale, mais ni émotions de jeu d'acteurs ni de mise en scène), où l'acteur principal parle avec une diction de mec sous lexomil, le spectateur ne parvient même pas à se faire une place dans ce vide car on lui donne, par les dialogues pesants, soit sous formes de débats théoriques, soit sous formes de scènes de dialogues illustratives, lui remplir le cerveau en traitant 30 fois le problème sous toutes ces formes, au cas où on n'aurait pas bien compris et très lentement, avec des trous de vide.
Le réalisateur se réfère à Tchékhov ! peut-être car on dit que Tchékhov met en scène des scènes de vie quotidienne, mais Tchékhov en saisit tout le piquant et traite avec tendresse ses personnages : il pensait à ses pièces comme à des comédies. Je n'ai rien vu dans le film qui fasse penser à du Tchékhov..., ou alors de très très loin et vu avec le petit bout de la lorgnette.
Sleep, certes mais pour le spectateur et toutes saisons confondues... ce n'est pas juste un jeu de mots pourri : un spectateur (soit un cinquième de la salle) s'est endormi bruyamment au bout d'à peine 10 minutes. J'ai réussi à m'occuper avec mon pop-corn 30 minutes et fait rarissime dans ma vie de spectatrice, je suis partie au bout d'1h05 (la dernière fois que j'ai quitté une salle de ciné, j'avais 13 ans devant un film avec Patrick Bruel et Mathilda May). Peut être que ça décollait au bout de 1h10 mais j'ai estimé que la probabilité que ça continue dans cette veine était trop forte et le risque de m'ennuyer ferme en étant très très agacée par la palme d'or 2014 était extrêmement forte.
Xavier Dolan, I love you