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    Winter Sleep
    Note moyenne
    3,8
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    241 critiques spectateurs

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    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 24 août 2014
    J'ai souvent départagé les palmes d'Or en deux catégories : les Palmes d'or grandioses, universelles, géniales (Pulp Fiction, Taxi Driver, Paris, Texas, Apocalypse Now...) et celles plus denses, plus complexes, souvent des films d'auteur certes extrêmement intelligents mais peu accessibles (je pense notamment aux films d'Haneke). Winter Sleep fait partie de cette seconde catégorie. Le film est à la fois très beau et très decevant. Aydin est un vieux comédien de théâtre, jadis brillant, qui tient maintenant un hôtel au coeur de l'Anatolie. Riche, cultivé, intègre, il loue une des maisons ayant appartenues à son père à une pauvre famille qui lui cause des soucis. Ces soucis vont engendrer une crise familiale dans l'hôtel entre Aydin, sa soeur et sa jeune femme, Nihal. Les relations déjà tendues entre les personnages vont se dégrader encore plus.Alors certes, le film est décevant : la structure du film notamment, organisée en longues scènes de dialogues (jusque là, aucun problème) mais qui se succèdent aux autres sans aucun lien logique. Le meilleur exemple pour cela est le personnage de la soeur : au milieu du film, elle apparaît dans une longue scène de règlements de comptes avec Aydin. Ensuite, on ne le revoit plus de tout le film ! Cette structure en scènes non reliées rappelle de loin le théâtre (Rappellons bien qu'Aydin était comédien). Cette non-linéarité, qui peut être intéressante, perd le spectateur dans un film déjà long ! Le peu d'intrigue du film ainsi que sa fin très facile viennent s'ajouter à ma déception. Mais malgré tout cela, le film est loin d'être un mauvais film : les réflexions qu'il mènent sont souvent pertinentes, le spectateur fait clairement marcher sa matière grise pendant le visionnage ! Ensuite, les scènes de dialogue sont remarquablement écrites, donnant à chaque fois une dimension plus grande et plus complète au personnage complexe qu'est Aydin. Cultivé, brillant, ayant mené une vie dure, Aydin est aussi un être qui peut se montrer dédaigneux et égoïste. Enfin, comme autre avantage, les paysages et les grands angles choisis sont tout bonnement superbes.Bref, une Palme d'Or intelligente et pertinente mais loin d'être universelle ni accessible, et qui se perd parfois dans son propos. Un bon film d'auteur et une Palme d'Or moyenne.
    MC4815162342
    MC4815162342

    397 abonnés 1 489 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 11 septembre 2014
    Winter Sleep, la palme d'or de Cannes 2014, donc forcement un film que je devais voir, cependant 3h15 de film j'avais peur, vraiment peur de tomber sur un truc ultra chiant mais en même temps j'avais envie et au fond j’espérais aimer, quand on voit l'affiche du film avec toutes ces critiques: "Un pur chef-d'oeuvre, Un choc, Inoubliable, Une splendeur" et j'en passe, ça donne vraiment envie d'aimer quand même, on se dit que ce serait ballot d'être le seul à ne pas aimer, et bien je ne ferais pas parti de ceux qui n'aime pas, j'ai vraiment été fasciné par ce film, 3h15 passionnante, au vu du synopsis je m'attendais à une énorme discutions entre trois personnes dans un hôtel où la neige a tout bloqué et finalement ça n'est pas ça du tout et j'en suis justement plus heureux.
    On suit Aydin, un comédien à la retraite qui a reprit l’hôtel de son père, un magnifique hôtel, follement atypique, incrusté dans la roche, un lieu vraiment magique en pleine Anatolie centrale, il y réside avec son épouse Nihal plus jeune que lui avec qui il n'a plus beaucoup d'affinité, elle reste avec lui par sécurité mais au fond le méprise affreusement, la sœur d'Aydin, Necla, vit également avec eux, elle les a rejoint à cause de son récent divorce qui l'affecte encore beaucoup, tout du long de ce film nous allons suivre leurs discordes, leurs disputes, et puis comme si bien dit dans le résumé leurs déchirements, au final c'est un film fabuleusement humain, les personnages sont vrais, c'est de la psychologie à 200%, un réalisme transcendant qui pourrait nous faire croire à un documentaire, c'est vraiment bluffant, les personnages sont écrits avec un tel soin, un tel réalisme, certaines fois on a faire à des discutions de plus de vingt minutes et je ne rigole pas, c'est un film extrêmement lent qui repose uniquement sur les dialogues, des dialogues très très long mais passionnant, si vous êtes là uniquement pour contempler le paysage c'est pas la peine, vous serez complètement passé à coté du sujet, un sujet fort et quelque part très intense, voir un frère et une sœur se bouffer le nez pendant une demi-heure c'est quand même quelque chose, ça n'a rien de facile, ce film n'est vraiment pas facile et c'est ça qui le rend passionnant.

    Un film porté par des dialogues certes mais les dialogues faut bien qu'ils soit joués, et franchement je dois dire que ces acteurs turques qui me sont complètement inconnus sont époustouflants, si criant de vérité, je n'ai vu aucune fausse note, j'ai même cru à une caméra cachée tellement ils sont parfait, non mais sans rire, j'ai rarement vu aussi intense et vrai comme jeux d'acteurs, j'ai même envie de dire stupéfiant, Haluk Bilginer en tête, impressionnant du début à la fin, jamais un seul moment de répit, d'autant plus que nombreux sont les plans séquences, des plans séquences fixes qui se passent la plupart du temps dans une pièce ou seul le dialogue est maître, il m'est arrivé que dans un plan séquence je me dise plusieurs fois "Euh mais c'est encore en plan seq là ? Sans déconner !", ils sont vraiment bluffants ces moments, c'est évidement du au casting, Melisa Sözen qui incarne la femme et Demet Akbag qui joue la sœur sont également uniques, et je pourrais citer encore tout le casting car il n'y a aucun mauvais acteur ou même moins bon, ils sont vraiment tous tous tous justes, je le répète je suis désolé mais c'est vraiment quelque chose que je retiens, ils sont tous grandioses.

    Histoire psychologique passionnante, casting d'une perfection absolue, mais que faut t'il d'autre, ah oui bon la réalisation évidement, j'ai déjà parlé des plans séquences mais que dire de la réalisation en elle même, la plupart du temps en plan fixe elle est merveilleuse, un cadrage sublime porté par une photographie d'une rare beauté et d'une rare netteté, une photographie qui prend toute son importance quand on se retrouve face à cette Anatolie enneigés, la neige arrive que très tard dans le film et pourtant elle tient une place importante visuellement, mais avant qu'elle n'arrive les décors sont également superbes, le sable, l’hôtel incrusté dans la roche, c'est magnifiques mais c'est vraiment une fois que la neige arrive que les décors prennent toute leur magie, c'est typiquement le genre de film à voir en haute définition, que ce soit en extérieure ou en intérieur on ne peut voir ce film en DVD, la froideur de la neige ou la chaleur de la cheminée à l'intérieur ça se ressent à travers l'image c'est juste exceptionnel, en regardant les scènes d'intérieurs, qu'il pleuve ou qu'il neige je me mettais à la place des personnages, je m'imaginais assis là en pleine nuit dans cette pièce sombre à voir la neige tomber derrière la fenêtre, je ressentais le froid et en même temps la chaleur de la pièce, c'est pour dire à quel point la mise en scène est remarquable, un boulot réalisé avec passion et très grand soin, tout est pensé et rien n'est laissé au hasard.

    Nuri Bilge Ceylan est décidément un réalisateur de plus à ajouter à ma liste, après avoir vu un tel monument je suis obligé de voir ses autres films.
    apyrogier
    apyrogier

    5 abonnés 29 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 29 juillet 2014
    Long, trop long, je suis parti au bout de 2 h avec mal aux fesses. le propos n'exigeait pas de passer autant de temps. Le film n'exigeait pas de Prix à Cannes. Dommage pour une grand auteur qui nous raconte des histoires magnifiques d'Anatolie.
    WutheringHeights
    WutheringHeights

    108 abonnés 930 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 4 août 2014
    (...

    le cinéaste turc livre un film à la beauté bouleversante et qui joue de sa durée pour hypnotiser le spectateur.

    LA SUITE :
    norman06
    norman06

    344 abonnés 1 659 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 26 juin 2014
    Encore une œuvre forte signée Nuri Bilge Ceylan. Ces 3h15 de dialogues et de minimalisme dans la narration sont un modèle d'épure, fidèle à l'humanisme désenchanté de son auteur. Du grand art.
    H. Osborne
    H. Osborne

    6 abonnés 37 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 4 septembre 2014
    D'où vient cette sale manie de faire une fixation sur la longueur d'un film ? Pourquoi vouloir décourager les gens avec l'argument qu'un film dure plus de 3h ? Certaines revues soit-disant cinéphiles ont cassé du sucre sur le dos de "Winter Sleep" pour ces raisons. Mais ne vous y trompez pas : le dernier film de Ceylan est une petite merveille. Un bijou dans lequel chacun retrouvera ses plus belles qualités comme ses plus vilains défauts. Tout y est : amour, argent, religion...
    Les paysages sont sublimes, et les scènes de dialogues un pur régal. La psychologie des personnages est réelle, et les acteurs simplement fantastiques.
    Du grand cinéma, et une très belle Palme d'or.
    anonyme
    Un visiteur
    3,5
    Publiée le 16 août 2014
    Récompensé par la fameuse Palme d'Or du Grand Festival de Cannes, Winter Sleep sera définitivement un film très spécial, car malgré qu'il porte sur son épaule un des plus grands trophées du Cinéma, l'engouement du public normalement très enthousiaste n'atteindra pas des sommets. C'est vous dire, le film n'est même pas diffusé deux fois dans la journée dans les plus grands Cinémas du coin. Pourtant, après un long et fastidieux visionnage, le moins qu'on puisse dire c'est qu'il mérite bien sa Palme. Attention, cette critique comportera beaucoup de spoilers, à vos risques et périls.

    Winter Sleep, comme son nom l'indique, parle de l'ennui, l'ennui dans la vie et de la vie, représenté par une brochette d'acteurs Turcs, habitant tous dans une Anatolie centrale sublime. C'est d'ailleurs dommage que le film ne sorte pas plus dehors car les rares plans contemplatifs sont somptueux. On assiste donc aux nombreux déchirements et débats philosophiques voire métaphysiques d'une famille presque quelconque s'interrogeant sans cesse sur le sens de la vie. Tout ce qui est dans ce film du point de vue scénaristique et de la mise en scène est incroyable et même novateur. Tout le reste, à savoir la réalisation ou encore la musique est à jeter.

    Le film est représentée d'une façon très théâtrale, presque trop. Les scènes durent toutes sans exception de cinq à quinze minutes et le film est composé uniquement de dialogues. Un film très couillu, donc. Bilge Ceylan pose sa caméra et son trépied et film la vie de Aydin, homme riche propriétaire d'un hôtel situé dans un trou paumé où l'hiver pointe le bout de son nez. Bien évidemment, ce Aydin ainsi que tous les membres de la famille entretiennent des relations conflictuelles, ayant des jugements, aprioris ou encore une définition de la vie différents. Ils vont donc tour à tour se confronter et exposer leurs idées sur des sujets extérieurs mais également intérieurs à leur vie.

    Le premier débat porte ainsi sur le mal, sur sa nature, sa compréhension et sa façon de l'éradiquer de la société. Il arrive comme un cheveu sur la soupe sans qu'on ne comprenne pourquoi, partant d'une idée de Necla. Selon cette dernière, qui est en réalité la sœur de notre héros, il faudrait laisser faire le mal sans s'y opposer un instant ni le contredire. Cela aurait donc pour conséquence de lui faire éprouver du remord et de la culpabilité. Pour Aydin, cette pensée est une aberration, laisser le mal s'implanter dans la société ne résoudrait rien et ne ferait que remplir le monde de fous et de malfrats. Je simplifie, bien sûr, car tout cela mène à un débat très intéressant et passionnant filmé d'une traite. Vous verrez que comme toutes les autres grandes discussions du film, ces dernières n'ont pas de réponse exacte ni précise, c'est pourquoi justement les personnages sont en conflit, pour leurs nombreuses différences.

    Puis arrive la cinglante confrontation des deux femmes, en désaccord sur presque tout. Des femmes qui se méprisent gentiment, n'appréciant pas la façon de vivre et le passé détestable de l'autre. Ce qui aboutira par la suite à un autre différend entre Necla et son frère, presque similaire. Les personnages de Winter Sleep sont tous diamétralement opposés, Aydin est un homme riche et méprisant, n'hésitant pas à rabaisser et démolir l'autre via son intelligence et sa maturité acquis grâce à sa dure vie de labeur. Nihal, sa femme, est elle une femme ennuyée et étant obligée de payer tout ce qu'elle achète avec l'argent de son mari, elle se sent seul car écrasée par celui-ci. Le conflit final entre les deux époux permettra de dire leurs quatre vérités, car les deux pensent tout savoir de l'autre et n'adhèrent pas à sa façon de percevoir le monde.

    Cette dernière confrontation qu'on peut donc qualifier de "climax" au film mais arrivant environ au bout de deux heures est époustouflant. Avec uniquement des dialogues et un jeu d'acteur digne des plus grands, l'intensité du combat est retranscrit à la perfection et l'on ne sait plus pour qui tenir, pour qui penser et qui juger. Le film veut que dans sa première partie nous soutenions Aydin,un homme intelligent, mature et travailleur, qui mériterait le respect et qui se situerait bien au-dessus moralement que les autres, mais arrivé à ce débat, une phrase change tout. On se rend alors compte qu'effectivement, c'est un homme cynique, égoïste et moqueur, la définition exacte de l'homme "trop parfait" à mon goût.

    Winter Sleep soulève donc des questions et des discussions couillues et dignes d'un réel intérêt, magnifiées par des acteurs jouant à la perfection leur rôle de personnages blasés. Oui, car si tout cela, toutes ces discussions, ces remises en question, ces déchirements ont lieu, c'est à cause de l'ennui. L'ennui de la situation dans laquelle ils sont, eux qui avaient des vies si prometteuses et si parfaites, ils se retrouvent là, dans un hôtel paumé on ne sait où avec un seul client asiatique qui occupe les lieux. Le sujet du film est donc bien l'ennui, l'ennui qui pousse des gens déjà déchirés à se déchirer encore plus, et il en profite alors pour aborder des questions métaphysiques (Et non, nous ne sommes pas dans un film de Sofia Coppola !).

    L'ennui (Sans mauvais jeu de mots), c'est qu'on obtient alors un film qui ne va nulle part, qui n'a pas d'objectif si ce n'est critiquer la vie. Et le problème est tout là, Winter Sleep aurait peut-être dû être une excellente pièce de théâtre plutôt qu'un très bon film à défauts, qui malgré des éléments novateurs et inouïs, finit par ennuyer le spectateur lui-même. Car il est impossible de dire en étant totalement franc qu'on ne se fait pas chier à certains moments durant ce film. Et le fait de n'avoir que des plans fixes ne sert en rien tout ce dispositif, puisque la mise en scène est pourtant géniale.

    Je n'ai toujours pas compris ce que Bilge Ceylan a avec les animaux, car il filme à différents moments des chevaux, un lapin ainsi qu'un renard morts, sans que cela n'influe une seconde le récit. Si certains ont des réponses, je suis tout ouïe. Pour en finir avec les thèmes abordés par le film, je finirais avec l'histoire de la famille endettée venant sans cesse perturber Aydin. Cette sous-intrigue est également très bien exploitée, posant ainsi des problèmes peut-être plus clichés mais sociaux, à savoir l'expulsion ou l'aumône aux gens dans le besoin.

    Le dénouement et le retour d'Aydin à la maison montre bien la redondance de la vie ainsi que l'inévitable séparation de l'amour. Ce retour peut signifier plusieurs choses, ce qui est très bien trouvé de la part de l'auteur, car elle permet d'achever l’œuvre en beauté, avec en bonus un magnifique plan d'ensemble sur l'hôtel qui peut signifier que le monde est petit, tout comme cet endroit, et que peu importe où l'on va, on se ramènera toujours à ce même hôtel, ou encore que ce lieu est l'antre de l'ennui et de tous les problèmes, qu'il ne changera pas et ne cessera de provoquer des déchirements familiaux.

    Longue critique pour un film qui en vaut la peine, à voir au Cinéma si vous en avez l'occasion, car malgré l'ennui, on en sort un peu grandi. J'avoue que mon petit goût pour les débats métaphysiques m'a bien aidé à apprécier l’œuvre dans son ensemble. Winter Sleep mérite bien sa place de vainqueur grâce à des idées novatrices et théâtrales sur la vie qui en feront réagir certains, mais possède bel et bien des défauts incontestables qui atténuent sa grandeur. L'arrivée de l'hiver en Anatolie est doux mais froid, tout comme Winter Sleep.
    Christoblog
    Christoblog

    822 abonnés 1 669 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 juin 2014
    Lors de ce 67ème Festival de Cannes, j'ai vu le film de Nuri Bilge Ceylan dès le deuxième jour de la compétition, et j'ai alors compris que je tenais là un film monde, un film qui réunit tout ce qu'on est en droit d'attendre du cinéma : des images magnifiques, des acteurs superbement filmés, des surprises, des émotions, une mécanique complexe et subtile, une réflexion profonde.

    Certains vous diront du mal du film (prenez Nice Matin ou le Parisien par exemple), simplement au prétexte de sa durée (3h16), de son sujet (l'étude d'un homme et de ses relations aux autres) ou de sa nationalité. Ce sont les mêmes qui donneraient la Palme d'Or à Godzilla ou Babysitting, Dieu nous préserve. Sûrement n'ont-ils même pas vu ce dont ils parlent, car si Winter sleep est long, il n'est pas lent, s'il est bavard, c'est parce que chaque conversation est un évènement qui fait avancer son propos, s'il est tourné souvent en intérieur, c'est loin d'être un huis clos.

    Nuri Bilge Ceylan, horloger des âmes

    Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas vu un réalisateur disséquer avec autant d'acuité le mouvement des sentiments de ces personnages. On pense évidemment à Bergman ou à Kieslowski.

    Le personnage principal, qui tient un hôtel en Cappadocce, est-il intelligent ? Est-il bon ? Que veut-il ? Que sait-il ? Durant tout le film, nos sentiments envers lui vont constamment évoluer : nous serons tantôt en empathie avec lui, nous le comprendrons, nous le rejetterons et le trouverons parfois même infâme.

    C'est la première grande force du film que de montrer avec une extraordinaire précision les contradictions qui existent dans chacun d'entre nous. Cela est vrai pour l'homme, mais aussi pour les deux femmes qui l'entourent : sa soeur, amère et divorcée, qui regrette Istanbul, et sa femme plus jeune que lui. Elles-mêmes seront tour à tour le centre de cette vaste fresque psychologique, parfois comme sujet, parfois comme objet de l'attention de l'homme. Avec ce simple trio (superbement joué, chacun des trois rôles méritait un prix), le film pourrait être déjà superbe, mais les rôles secondaires complexifient et enrichissent sa trame narrative : un homme à tout faire, une famille pauvre, un ami, un instituteur, un cheval, un voyageur sans but, un touriste japonais.

    Winter sleep échappe alors à son enveloppe psychologique déjà passionnante pour devenir politique (qu'est ce que la propriété, les rapports de classe) et métaphysique (le film interroge au fond le sens de la vie de chacun de ses trois personnages). Comment ceux qui lui reprochent sa lenteur ont-il pu passer à côté de la puissante dramaturgie, parfois extrêmement cruelle, qui irrigue chaque conversation ?

    Une magistrale leçon de mise en scène

    Au fur et à mesure que Nuri Bilge Ceylan produit des films, force est de constater que sa mise en scène s'épure et devient de plus en plus belle. On pourra disséquer pendant des heures ces admirables scènes de conversation entre le personnage principal et sa soeur, à qui il tourne le dos : choix des cadres, champs / contrechamps variés et signifiants, montage parfait, visages superbement éclairés, tout fait sens d'une façon parfois iréelle.

    L'utilisation du temps dans le film, où plutôt la façon dont ses différentes caractéristiques sont gérées à l'intérieur même de sa durée (étirement, précipitation, transport, ellipse brutale), est aussi remarquable. A de longues conversations succèdent une échappée extérieure, au duel à fleurets mouchetés d'une conversation intellectuelle succède une beuverie et le coup de tonnerre d'un poing sur la table, aux aménités policées de la bourgeoisie et de ses affidés succède le geste brutal qui restaure l'honneur du père bafoué.

    Ramené à sa densité d'idées de mise en scène, Winter sleep n'est pas long, et on comprend mieux pourquoi un montage initial durait 5 heures.

    Le tableau que je dresse des qualités du film serait incomplet si je n'évoquais pas la magie qui se dégage de cette Cappadocce enneigée, à la fois paysage extérieur dans lequel évolue le personnage et paysage intérieur matérialisé, avec ces cheminées de fées, ses concrétions gangrenées et ses étendues infinies. Je pourrais écrire probablement des heures pour détailler tel ou tel plan du film, survenant au hasard d'une séquence et sidérant par sa beauté formelle : un animal mort dans la neige, une partie de chasse flirtant avec le grotesque, un homme sur le tombeau de ses parents, un cheval dans l'obscurité (la plus belle obscurité que j'ai jamais vue au cinéma).

    Pour toutes ces raisons, et beaucoup d'autres encore, Winter sleep mérite sans conteste sa Palme d'Or, n'en déplaise au journaliste (?) du Parisien qui trouve spirituel de se gausser de son titre.

    1000 autres critiques ici :
    LBDC
    LBDC

    104 abonnés 297 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 28 mai 2014
    « Un film plastiquement irréprochable et dans le fond passionnant, mais dont le rythme n’épouse absolument pas l’ambition. » Georgeslechameau
    Mondocine
    Mondocine

    74 abonnés 293 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 28 mai 2014
    Une oeuvre lente mais fascinante, très long-métrage contemplatif d’une beauté formelle de l’épure renversante, à plus forte raison quand Ceylan se met à filmer sa magnifique Anatolie. Dense et passionnant à sa manière, Sommeil d’Hiver mêle drame introspectif, personnages forts et charismatiques disséqués dans leur plus total dénuement, et splendeur à couper le souffle. Le style de Nuri Bilge Ceylan a toujours été caractérisé par une extrême beauté de l’épure s’effaçant derrière des personnages magnifiquement abordés et filmés. Dommage alors de voir le cinéaste tomber dans la caricature de lui-même avec un film aussi extrême en terme de longueur et de lenteur pesante, étirant sans discernement chacune de ses scènes ou séquences au point de basculer dans le soporifique. Sans nul doute son moins abouti. On aurait aimé que Ceylan soit primé bien avant, pour ses innombrables chefs d'oeuvre tels que Les Climats, Il était une fois en Anatolie ou encore Uzak...
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 7 janvier 2015
    3h16 de discours, de dialogues, de parlote! Mais Dieu que c’est bon. Chaque mot sonne juste. Une partition sublime. Jusqu’à la révélation finale. Et un sentiment d’humanité comme on aimerait en voir plus souvent au cinéma. Le chef d’oeuvre de 2014!
    velocio
    velocio

    1 297 abonnés 3 121 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 août 2014
    Le réalisateur turc et ancien ingénieur Nuri Bilge Ceylan est régulièrement présent dans la compétition cannoise depuis 1995, année où son premier court métrage, "Koza", a été le premier court-métrage turc sélectionné à Cannes. En 2003, son 3ème long métrage, "Uzak", s'est vu attribuer le Grand Prix du Jury et le Prix d'interprétation masculine. Après 2 films de très qualité mais non récompensés, "Les Climats" et "Les trois singes", il a fait partie du Jury cannois en 2009, avant d'obtenir un nouveau Grand Prix du Jury en 2011 pour "Il était une fois en Anatolie", un film absolument magnifique, à la fois très beau et très profond. 2014 le voit, à 55 ans, atteindre les sommets du cinéma avec une Palme d'Or amplement méritée et, surtout, un film qui va marquer durablement l'histoire du cinéma. A propos de "Winter Sleep", on a évoqué Bergman, on a évoqué Tchekhov. Pourquoi pas, même si on peut penser que, dorénavant, Nuri Bilge Ceylan se suffit à lui-même. Par ailleurs, on a déjà beaucoup parlé de la longueur de cette Palme d'Or et ce n'est sûrement pas terminé : 3 h 16 minutes. Et alors, si on se régale pendant 3 heures et 16 minutes, si, à la limite, on aimerait que le film dure encore davantage ! La Palme d'Or de l'an dernier durait 3 heures et on est en droit de penser qu'il y avait 90 minutes de trop. Celle ci dure 3 h 16 minutes et il n'y a pas une seconde de trop. "Winter Sleep" est un film magnifique et d'une très, très grande richesse, intellectuelle et morale. Il n'y a aucune raison que sa durée rebute quiconque aime, tout simplement, le Cinéma !
    Henry Joel M
    Henry Joel M

    33 abonnés 86 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 4 octobre 2014
    Je n'ai pas aimé ce film.

    Je n'ai pas accroche à l'histoire et le film dure tout de même de 3h15!
    j'ai perdu mon dimanche d’après-midi :-(
    je ne comprends pas pourquoi ce navet a reçu la palme d'or ou festival de cannes.

    GRRRR!!!!!!!!! C'est la dernière fois que je me laisse duper!!
    Kiwi98
    Kiwi98

    261 abonnés 238 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 6 août 2014
    Connu pour être un "cinéaste de festival" (donc traduisez chiant) Nuri Bilge Ceylan n'est pas moins un cinéaste particulièrement talentueux. Déjà récompensé à Cannes par Le Grand Prix pour Il Était Une Fois en Anatolie (2011) il marque un grand retour cette année avec Winter Sleep en obtenant la Palme d'Or venant de Jane Campion et ses acolytes. Comme bien souvent cette Palme sera remise en cause par certain comme étant un choix politique (des gens qui bien évidemment n'ont pas vu le film). Mais naturellement Winter Sleep aura beaucoup fait parler de lui notamment au niveau de sa longueur (pas moins de 3h15) qui en a intimidé plus d'un. Mais la distribution du film est quant à elle un beau suicide commercial car le film débarquera dans les salles Françaises début août en pleine chaleur estival ce qui n'est pas très bon pour la vente d'un film de ce type mais qu'importe ! Projeté en avant première à l'occasion du festival Paris Cinéma c'est sous des d'applaudissements que Winter Sleep s'est achevé au Gaumont Capucine, des applaudissement totalement mérités. Nous plongeant directement dans les magnifiques paysages de l'Anatolie le film ouvre un dialogue philosophique sur la condition humaine (la religion, la culture, les sentiments et la mentalité humaine notamment) et en gros se résume à ça. Nuri Bilge Ceylan ne compose son film que de quelques scènes toute durant au moins 15 minutes et composée uniquement de dialogues. Le tout parait long mais rapidement nous sommes plongés dans ces séquences qui demeurent sublimes. Le réalisateur Turc âgé de 55 ans filme des séquences avec une intelligence sidérante maîtrisant parfaitement les effets d'ombres ou encore de miroirs avec de sublimes plans séquences et nous fait savourer sa sublime direction d'acteur pour nous plongé dans ce semi huit-clos avec un réalisme inouï voir presque irréel un peu comme le fait Abdellatif Kechiche en nous présentant en plus de ça un monde inconnu à la beauté étourdissante. Winter Sleep marque un point dans le domaine des décors se déroulant en pleine Anatolie dans des habitats troglodytique dont l'affiche nous offre un aperçu. Nous allons donc suivre un personnage : Aydin dont les nombreux conflits avec ses proches (sa femme et sa sœur notamment) vont donner au film toute sa dimension humaine et intimiste. Le film justifie également sa lenteur à travers les mêmes arguments mettant en évidence le charisme des acteurs et les décors et en étalant au maximum ses divers messages qui ressemblent à un portrait du genre humain s'inscrivant donc dans la continuité du film Le Gout de la Cerise (Palme d'Or 1997), film Iranien également très contemplatif et The Tree of Life de Terrence Malick Palme d'Or en 2011.

    Bilan :
    "3h15 de bonheur total" dit Télérama, phrase d'ailleurs reprise sur l'affiche avec une police aussi grosse que celle du titre et finalement rien d'autre à rajouter. Une oeuvre pharaonique qui va jusqu'à nous faire penser autrement, rien que ça.
    Rodolphe F
    Rodolphe F

    52 abonnés 1 critique Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 mai 2014
    Film incroyablement intelligent et poétique. On voit la patte du photographe à l'image.
    Un cinéaste décidément brillant.
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