Les pitreries du trio Seth Rogen, Evan Goldberg et James Franco prennent une tournure géopolitique, prennent le chemin de la controverse. Alors que personne n’avait encore vu ce fameux Interview qui tue, chacun connaissait sa portée résolument provocatrice, on s’en réjouissait, et les réactions du camp visé. Sony, distributeur grossiste du long-métrage, se verra dans un premier temps interdire la distribution de son film puis sera ensuite visé par une cyber-attaque. Mais tout est bien qui finit bien puisque le film sera finalement accepté partout sur son passage. Pour autant, cette drôle de comédie au ton résolument salace méritait-elle tant d’engouement? Bien sûr que non. En dépit de son idée fracassante de se moquer ouvertement du régime nord-coréen, en dépit de son cadre plus ou moins original, L’interview n’est qu’une comédie supplémentaire de l’équipe de Pineapple Express et autre C’est la fin. Pour situer, en dépit du propos, on ne parle ici que de fesses, de divers orifices, de fiesta endiablée et d’acte humiliant qui font sans doute rire le jeune public des lycées américains.
Soyons franc, L’Interview qui tue est une déception, un coup dans l’eau qui aura bénéficié d’une publicité remarquable, en premier lieu imputable au régime sinistre nord-coréen. Une déception, le mot est fort, sachant qui est aux commandes. Partisan du rire de tout, le débat est d’actualité et le sera encore pendant longtemps, la portée du film ne me gêne absolument pas. Pour autant, l’humour déployé, bien en dessous de la ceinture, le tout sur presque deux heures, me semble franchement d’un autre âge. James Franco, d’ordinaire excellent dans tous les domaines, se fourvoie lamentablement en accumulant grimaces et sorties vulgaires ou stupides. Seth Rogen, lui, est incapable de varier un tant soit peu son jeu d’acteur, jouant le même guignol depuis le tout début de sa carrière.
On connaît en somme la musique sur le bout des doigts, et ce, quel que soit le propos sous-jacent. Un propos qui sauve justement, le cas présent, le film du naufrage artistique. Oui, en dépit que le film soit en lui-même mauvais, le coté criard du projet, ce recrutement de journalistes People par les renseignements pour refroidir le dictateur que tout le monde connaît, faut avouer que ça donnait envie. Aussitôt vu, aussitôt oublié. 05/20