Difficile de concevoir d’où pouvait bien sortir ce spin-off, laissant traîner l’ombre de la saga qui ne jure que par la « famille ». On ne s’éloigne jamais du sujet, mais à partir du moment qu’Hollywood propose un groupe de protagonistes à encourager, il est compliqué de faire l’impasse sur cette valeur, qui n’a pas toujours lieu d’être. Après « John Wick » et « Deadpool 2 », David Leitch met à profit ses expériences de cascadeur dans un duel, que l’on répète sans cesse dans le genre « pugilats vs punchlines ». On connaît la chanson, le rythme, le timbre, etc. Plus rien ne nous est inconnu dans la partition d’une mauvaise collaboration, qui tourne à la cohésion forcée, puis l’amitié. Le film préfère alors s’attarder sur tout l’aspect musclé, en contrastant quelques fois avec lui de temps en temps, mais le seul divertissement qui nous sera accessible aura le goût de sueur et d’essence.
Luke Hobbs (Dwayne Johnson), c’est la montagne de muscle assumé et Deckard Shaw (Jason Statham), c’est l’espion rebelle. Tous les deux partagent une mauvaise éducation qui tournera rapidement à la comédie. On ne se renouvelle quasiment jamais, le schéma coordonne les vannes pour enchaîner sur des affrontements, et vice-versa. Cependant, on n’y croit pas une seconde. Les comédiens eux-mêmes campent dans le surjeu, car tout cela n’est qu’un vaste cartoon industriel, qui recycle sa ferraille. Cela fait le bonheur de son public, mais cette démarche rencontre rapidement ses limites, dès lors que l’on s’engage dans des courses-poursuites, motorisées et très retravaillées numériquement. Évidemment, il ne fallait pas s’attendre à du propre sur toutes les cases, car le délire vient également du fait que le « toujours plus » séduit et s’autorise des facilités déconcertantes.
Les combats sont surdécoupés et le rythme du récit n’aide pas à rattraper le carrosse. De plus, les dialogues ne sont que joutes verbales et très peu d’action, visant l’efficacité. Le buddy-movie ne puise pas toujours dans les bons arguments, bien que le climax, rattrape un peu ce tort, du moins concernant la partie la plus terre-à-terre. Malgré tout, notons une lueur dans cette pagaille sans nom et sans modération, Hattie (Vanessa Kirby), la sœur cadette de Deckard. Elle apporte avec fraîcheur et malice, un doux parfum de repos ou d’efficacité, lorsqu’on les requiert. Elle est d’ailleurs la seule à hériter d’une mise en scène plus soignée, afin de coller à son tempérament épineux et à cœur de fleur. Et concernant, Brixton (Idris Elba), le super-méchant de service, nous aurions pu approfondir le dilemme moral qui se trame derrière ce qui fait sa gloire, la technologie. Mais cela sera sans doute pour une prochaine virée.
Finalement, on se répète souvent, « Hobbs & Shaw » est un projet qui résonne comme une rupture dans la saga « Fast & Furious », déplaçant le sentiment familial vers une route plus bagarreur en testostérone et punchline mécanique. La devise du visionnage est « décontractée » et il va falloir se contenter de cela, sous peine de se faire embarquer dans un parcours trop absurde et trop décomplexé. Clairement destinés à ses fans les plus hardcore, on y exclut toute tentative de réconciliation avec le nouveau venu ou le spectateur occasionnel de ce genre de bolide, dans ce cas, passez votre chemin. Pour les autres, restez assis et laissez-vous promener vers la folie et au-delà.