Pour le dessinateur principal, Toshitsugu Saita, qui conçut la quasi-totalité des story-boards, la principale difficulté technique fut le dessin des musiciens. Son souci de réalisme l'amena à se documenter de façon approfondie : "Afin de bien comprendre et assimiler leurs mouvements, j'ai filmé avec une caméra 8 mm des virtuoses en train de jouer. Ensuite, j'ai appris les mouvements des doigts et les positions de l'archet avec un violoncelliste professionnel. C'était difficile de dessiner en accordant tous ces paramètres avec la musique car, à cet instant, les yeux des spectateurs sont braqués sur lui, ce qui interdit toute approximation."
Il s'agit du premier long métrage produit par Ô Production. Cette petite entreprise japonaise, fondée au début des années 1970, était jusque-là spécialisée dans des courts métrages et des séries "aux techniques d'animation médiocres", selon la formule d'Isao Takahata. Celui-ci leur a donc demandé de procéder à des améliorations, ce qui n'alla pas de soi : "Cette idée a considérablement modifié leurs plans. J'avoue que j'éprouvais de l'inquiétude. J'avais peur que le film n'échoue à cause de moi", confie le réalisateur.
L'origine de Goshu le violoncelliste provient d'une volonté de la société japonaise Ô Production d'investir dans des oeuvres plus conséquentes que les précédentes. Toutefois, dans la mesure où les budgets devaient demeurer les mêmes, le nombre de techniciens restait limité : moins de trente personnes. Pour résoudre ce dilemme apparemment insoluble, le directeur Koichi Murata fit un double choix : laisser carte blanche aux animateurs et n'imposer aucune limites de temps. Un pari qui se révéla payant, puisque Goshu le violoncelliste fut réalisé quasi-bénévolement (les techniciens y travaillaient sur leurs congés, entre deux contrats !) pendant quelque six années !
Transcrit phonétiquement en katakana (l'une des dialectes japonais), Goshu se prononce "gauche" (en version anglaise, le film circula d'ailleurs parfois sous le titre Gauche the cellist) : un nom prédestiné, pour un héros timide et maladroit ! Or, contre toute probabilité, ce choix n'a rien d'innocent : c'est Seiroku Miyazawa, le frère de l'auteur de la nouvelle originale, qui trouva cette astuce linguistique.
Résultat d'une volonté et d'un dévouement sans faille, Goshu le violoncelliste reçut le prix Ôfuji, référence absolue en matière de récompense dans le domaine de l'animation japonaise.
Vingt ans après sa sortie au Japon, Goshu le violoncelliste y est encore régulièrement projeté. Il sert également de support pédagogique dans de nombreuses écoles de musique pour enfants.
La musique jouant un rôle capital dans la nouvelle de Kenji Miyazawa, un travail important fut effectué pour l'adaptation en dessin animé. Les morceaux utilisés le sont dans leur intégralité, et leur choix est le résultat d'une longue réflexion. La rapsodie que, dans l'oeuvre originale, Goshu joue pour guérir la souris fut ainsi remplacée par la symphonie n°6 de Beethoven, arrangée pour convenir à un violoncelle en solo. Le réalisateur Isao Takahata trouvait en effet "ce genre d'arrangement trop bruyant" et donc "inadéquat" ; son choix définitif fut inspiré par le goût de Kenji Miyazawa pour ce morceau classique.
De l'aveu même du réalisateur Isao Takahata, Goshu le violoncelliste est caractéristique des dessins animés japonais sur le plan du graphisme : "On sacrifie parfois la cohérence stricte au profit de l'onirisme, pour magnifier les émotions que peuvent ressentir les spectateurs. Dans les films d'animation occidentaux, les personnages sont presque toujours représentés de manière objective. [...] Par rapport aux films occidentaux, les films japonais sont créés afin que l'auditoire puisse s'impliquer dans les sentiments des héros. C'est une priorité."