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    Eurociné 33 Champs-Elysées
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    3,0
    Publiée le 13 février 2021
    Christophe Bier (journaliste & historien du cinéma) dresse le portrait d’Eurociné, une société de production française qui a connu son heure de gloire entre les années 60 & 80. Spécialisée dans les films d’exploitation, où l’absence de budget et de talent au sein de l’équipe étaient remplacé par une surreprésentation de scènes de nudité (un festival de boobs et de foufounes). Eurociné 33 Champs-Élysées (2013) revient sur son histoire (de son commencement à son heure de gloire, avec des anecdotes de tournages croustillantes).

    Pendant 67min, le journaliste accompagné (entre-autre) de Daniel Lesœur (fils de), revient pour nous sur l’incroyable histoire de cette société et le talent de Marius Lesœur (car du talent il en avait, cela n’était pas donné à tout le monde d’avoir mis sur pied une pareille entreprise, avec une telle renommée encore aujourd’hui). Issu du monde des forains, il rachète Eurociné dans les années 50, qui n’était alors qu’une société en sommeil (créé dans les années 30) et avec laquelle il parviendra à réaliser son rêve, réaliser et produire des Séries B & Z. Qu’importe l’histoire, qu’importe les acteurs (professionnels ou amateurs) et qu’importe le budget qui y sera alloué, rien n’était impossible pour Marius Lesœur. Façon Roger Corman, c’était du cinéma artisanal coproduit avec l’Espagne, celui qui se retrouvait exploité exclusivement dans les cinémas de quartiers des grandes villes (avant leurs déclins dans les années 80). Donnant lieu aussi bien à du bon gros Z (Le Lac des morts vivants - 1981) qu’à des nanars sympathiques ou pas (Commando Panther - 1984), du sexy (Eugénie de Sade - 1974), du film de vampire en passant par la nazisploitation (Elsa Fräulein SS - 1976 & Train spécial pour Hitler - 1977) et le western, voir même de rares films culte (L'Horrible docteur Orloff - 1962). Marius Lesœur a travaillé avec des grands noms du cinéma (d’exploitation), notamment Jean Rollin et bien évidemment Jesús Franco.

    La débrouille (par manque d’argent) et le système D étaient son leitmotive (il s'en voudra pendant très longtemps de ne pas avoir participé au film de Sergio Leone : Pour une poignée de dollars, ne pouvant se permettre de mettre autant d’argent que ce que demandaient les italiens). La marque de fabrique d’Eurociné était toute trouvée : tournages low-cost où « La 1ere prise était toujours la bonne », Marius Lesœur ne se privait jamais pour tourner deux films en même temps (gain d’argent aussi bien pour le matériel que pour l’équipe technique), un procédé utilisé notamment sur le tournage du Train spécial pour Hitler (1977) où une équipe filmait le côté gauche du train et une autre le côté droit dont les images seraient utilisées pour un tout autre film. Ajouter à cela l’utilisation abondante de stock-shots, sans parler d’une pratique déjà bien connue chez Godfrey Ho (Ninja Terminator - 1985), il réutilisait des rushs provenant de précédents films pour les assembler avec les images d’un nouveau film, un procédé utilisé sur Les Aventures Galantes de Zorro (1972) & Les Gardiennes du pénitencier (1979). Et pour appâter le chaland, ils en mettaient plein la vue avec de magnifiques affiches signées Belinsky.

    Eurociné ne se limitait pas seulement à produire des films mettant en scène de la nudité, la société s’est même lancée dans l’érotisme (La fille au sexe brillant - 1976), la pornographie (Paris porno -1976) et a produit bon nombre de films racoleurs qui s’affichaient en 4x3 sur la devanture des cinémas de quartiers (Avortement clandestin ! - 1973 ou encore Viol, la grande peur - 1978).

    Le film est ponctué d’anecdotes de tournage, ainsi que bon nombre d’extraits et autres coulisses notamment sur le « studio Eurociné » qui se trouvait dans un pavillon de campagne. Un documentaire très dense malgré sa courte durée. L’ensemble s’avère passionnant et vient nous rappeler une toute autre Histoire du cinéma français.

    Marius Lesœur est décédé en 2003 à l’âge de 93ans, laissant derrière lui des cinéphiles du monde entier férus de ses péloches à bas coûts, avec sa nudité et son côté cheap qui étaient l’essence même d’Eurociné.

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