Au coeur du film, il y a une maison, celle du réalisateur Ignacio Agüero, située dans le quartier Providencia de Santiago, au Chili. Une maison avec un petit jardin, des oiseaux, un chat. Une maison avec des souvenirs familiaux. Ça, c'est l'intérieur. Et puis il y a des gens qui viennent de l'extérieur et frappent à la porte : le postier, des amis, des mendiants, des personnes à la recherche d'un emploi... Ignacio Agüero les filme et leur demande s'il peut, lui aussi, aller chez eux...
Il y a de belles choses dans cette méditation très libre sur l'intérieur et l'extérieur, sur le "moi" et les autres. D'abord dans la façon de filmer la maison, très poétique, dans l'attention portée aux jeux de lumière, qui interviennent parfois comme des révélations, dans la façon de faire resurgir des souvenirs attachés à la vie familiale et à l'histoire du pays. L'idée de placer une caméra dans le vestibule, face à la porte d'entrée, lieu de passage d'un monde à l'autre, est aussi intéressante, vecteur de curiosité. De même que le jeu de réciproques qui s'instaure : vous venez chez moi, je viens chez vous. Mais avec tous ses sujets différents, le documentaire laisse une impression d'agrégat de choses hétéroclites, un peu décousu. En se demandant parfois quel est le vrai sujet du film, on cherche un tissage, des mises en relation, qui se justifieraient autrement que par la simple licence poétique. Mais c'est probablement une erreur, il faut prendre le film comme il vient, avec ses réflexions et ses morceaux de vie jaillissant de-ci de-là. On est sensible, ou pas, à ce mode de narration, qui se déploie par ailleurs tout en lenteur et en longueur. On est sensible, ou pas, à ce mélange de choses profondes et anecdotiques. On est frustré, ou pas, de voir ces micro sujets, ces micro rencontres, jamais complètement développés, ou de passer de l'expression d'une misère humaine, d'un regard parfois implorant, au chant d'un oiseau dans un jardin bucolique.