C'est une "fantaisie" psychologico-littéraire, à pas mal d'égards bien troussée, que ce "Gemma Bovery", le 13e (si j'ai bien compté !) "long" d'Anne Fontaine, pour le cinéma. Cette adaptation d'un "roman graphique" britannique, lui-même inspiré par le chef-d'oeuvre de Flaubert, est construite sur l'air du célèbre "la nature imite l'art". Ou pas.... En tout cas, Martin Joubert (Fabrice Luchini, qui retrouve Anne Fontaine, après "La Fille de Monaco"), qui a repris la boulangerie paternelle dans une bourgade normande il y a 7 ans, laissant derrière lui une carrière avortée dans l'édition à Paris, est d'emblée persuadé que l'aphorisme est parfaitement fondé, quand la maison (un rien délabrée) en regard de la sienne est achetée par un couple d'Anglais bohèmes, Charles et Gemma Bovery (Jason Flemyng et Gemma Arterton). Quand il manque des péripéties pour que le parallèle entre réalité et fiction soit plus flagrant, Martin fait diligence en démiurge provincial (entre émois littéraires et émois sentimentaux). Mais quand le tempo s'accélère, il ne sera pas le seul deus ex machina..... La "créature", c'est la sculpturale Gemma Arterton donc (déjà l'âme d'une autre adaptation d'un roman graphique de Posy Simmonds - "Tamara Drewe", fondé sur un "classique" anglais, par Thomas Hardy, celle de Stephen Frears), le "créateur" étant Fabrice Luchini, sans doute un des rares en France à pouvoir donner crédibilité et corps à un personnage de cette typicité. Quelques lenteurs et maladresses scénaristiques gâchent un peu le plaisir, mais c'est, dans l'ensemble, assez jubilatoire. A noter : la BA est bien faite, qui donne envie de voir le film, mais est loin de tout résumer, voire de tout raconter, comme souvent.