Bon, ben non, ce film ne fonctionne malheureusement pas. Dommage, mais clairement Anne Fontaine n’a pas eu la même maitrise que Stephen Frears dans leur adaptation respective d’un même auteur.
Le casting est sur le papier attrayant. On hérite de nouveau de Gemma Arterton, déjà héroïne de Tamara Drewe, et je dois dire qu’elle est au top. Rien à redire, elle a toujours beaucoup de charme, et en plus on profite de son accent et de ses essais en français, ce qui est très agréable. Elle endosse avec talent cette Gemma Bovery, bien épaulé dans le rôle de son époux par Jason Flemyng, efficace lui aussi. Il y a quelques bons seconds rôles aussi, mais alors grosse, très grosse déception du côté de Fabrice Luchini. Mou du genou, incapable d’être drôle, incapable d’être émouvant, incapable même d’être détestable, il campe une sorte d’éponge toute molle, sans vie, sans intérêt. On n’est pas du tout dans le coup, et lance un terrible vent d’archaïsme sur ce film. Isabelle Candelier à ses côtés n’est pas franchement plus enthousiasmante, et j’aurai préféré qu’on l’échange contre Pascale Arbillot, bien meilleure et réduite ici à presque rien.
Le scénario est très creux. En fait le film est vide, tourne autour de trucs sans intérêt (le cupidon), et on s’ennuie ferme devant un métrage ni drôle, ni dynamique, ni frais, ni triste (quoique, mais c’est vraiment mal amené). Ça n’a aucune vie, c’est artificiel, c’est parfois même prétentieux, et là où Tamara Drewe était à la fois piquant, drôle, émouvant, Gemma Bovery est fade, sans relief, et peu emballant. On retiendra juste la bonne idée de dévêtir Gemma Arterton une ou deux fois, histoire de relancer un poil l’attention du spectateur.
Visuellement c’est correct. Les décors sont assez beaux, l’ambiance normande plutôt bien retranscrite, mais l’ensemble reste austère. La mise en scène appliquée d’Anne Fontaine ne laisse guère de place à la fantaisie, et encore moins une bande son monacale. C’est peut-être voulu, mais je trouve que cela n’aide guère à faire passer le film, qui avec plus de légèreté et de fraicheur aurait sans doute pu compenser, en partie ses faiblesses de fond.
Je donne donc 1.5, et il faut le dire, c’est grâce avant tout au couple Arterton-Flemyng. Le film n’est jamais vibrant, le final n’est en rien touchant, et ça vie bien trop peu pour nous enthousiasmer. Vraiment regrettable.