Cette semaine, c'est pas dur, y a un seul bon film. Mais alors bon de chez très bon. Ce film est un capuccino de bonheur, un maëlstrom de délices, un nirvana de littérature, d'amour et de cinéma. Bon, j'essaie d'imiter tant bien que mal Fabrice Luchini qui est l'acteur le plus fou d'enthousiasme que je connaisse. Avec ce film-là, Anne Fontaine (que je connais bien parce que figurez-vous qu'elle a joué dans le seul film dont j'ai donné l'idée originale, il y a longtemps, hein, très longtemps de ça, ça s'appelait Si ma gueule vous plaît) a fait un petit chef d'oeuvre. Ou un grand chef d'oeuvre. Enfin, un chef d'oeuvre. C'est le meilleur film de Lucchini et évidemment son meilleur rôle. Cette fois, il est toujours littéraire, comme d'habitude, mais en plus il est boulanger en Normandie. Il faut le voir pétrir la pâte, on dirait qu'il pétrit une femme, c'est d'une sensualité ! Alors quand une superbe jeune anglaise débarque et qu'elle s'appelle en plus Gemma Bovery, il devient dingue d'elle, il s'identifie à Flaubert, et il veut changer son destin pour pas qu'elle finisse comme la malheureuse Emma Bovary qu'on sait, l'héroïne de Flaubert. C'est ravissant, c'est joli, c'est mignon. C'est pas du tout enquiquinant, c'est délicieusement suave, c'est un instant d'infini qui a un goût de fleur. Tu vois, moi aussi je sais faire des citations, Fabrice.