"Partisan" première et méritante réalisation de Ariel Kleiman, nous immerge dans un univers particulièrement envoûtant, étrange, tout en étant à la fois inquiétant et oppressant...
Ce film en dehors du temps et de tous lieux précis, met ainsi tout contexte extérieur entre parenthèses et prend l'allure d'une fable abstraite assez impressionnante par la présence de deux acteurs remarquables, Vincent Cassel est en effet omniprésent par son jeu, et ce rôle qui le caractérise à fortiori, en tant que gourou dangereux, mais avant tout le jeune Jérémy Chabriel, a un magnétisme troublant et indéfinissable qui nous absorbe littéralement, le rendant finalement encore plus bouleversant que le premier !
Cette communauté que protège, mais que dirige surtout le puissant et charismatique Grégori, est habilement dépeinte dans son fonctionnement, à travers son mode de vie, ses habitudes et également maints petits détails qui la rendent très prenante à nos yeux.
On devine très vite comment cet homme installe sa domination, son pouvoir par la manipulation, ceci sous une forme d'amour, de conseil et d'écoute...
Tous ces enfants dont on partage le quotidien dans les apprentissages sont de plus très bien filmés et à les voir ainsi, ils dégageraient ensemble presque un bien être apparent où l'éducation serait quasi idéale !
Le grain de sable va enrayer pourtant doucement cette mécanique implacable par la personnalité de son propre fils, Alexandre, très intelligent et observateur, et la transformation de cet enfant va être passionnante à étudier, tant ces doutes et cette remise en question surgissent lentement et presque à son insu.
À ce niveau, on se sent complètement transporté, subjugué par ce rapport père/fils, alors qu'en même temps ce même rapport est également faussé puisque pour ce véritable "chef de meute", tous ces enfants sous sa protection sont aussi les siens.
Ce film dégage une ambiance très étrange, presque surréaliste par cet aspect étouffant où la moindre rébellion est endiguée, contenue avec une violence toujours sous jacente et imminente !
Pour ne rien gâter, la qualité de la photographie, ici vraiment magnifique dans les compositions, les couleurs et les cadrages, est en plus à la hauteur du jeu des acteurs pour nous captiver et entrer dans cet univers sidérant du début à la fin... Car cet endroit curieux, coupé du monde, sorte de bunker bétonné, mais humanisé par ses habitants, est tout à la fois poétique, beau tout en prenant l'apparence d'une prison castratrice pour ces petits hommes.
Par ce fait de société, on assiste à une formidable étude de caractères qui regorge d'originalité, tant dans sa démonstration que dans sa forme, toutes deux en parfaite adéquation sans que l'une prenne en aucun cas le pas sur l'autre...