Ordinaire : une vie ordinaire, dans une maison ordinaire, un mariage ordinaire, père d'une ado ordinaire : voici comment on pourrait qualifier la vie de Lester Burnhamm (Kevin Spacey).
Une vie où l'apparence a pris le dessus sur les sentiments. Seulement, arrivée la cinquantaine, Lester n'en peut plus, et il décide de tout changer, de retrouver sa jeunesse perdue. Il quitte son travail, fume des pétards, et courtise une amie de sa fille.
"American Beauty" est un film sur la frustration et son expiation, sur les regrets et sur l'amour. Dès le premier plan sur cette banlieue pavillonnaire, on ne peut s'empêcher de penser à "Desperates Housewifes" ou à "Weeds", et à tous les secrets qui se cachent derrière ces grosses maisons et ces haies bien taillées.
Ce film est donc un précurseur de toutes ces chroniques du malheur des classes "moyennes-supérieures" américaines qui crient leurs frustrations en 4x4 Mercedes. On retrouve d'ailleurs le scénariste Allan Ball, l'un des créateurs de la décapante série "Six feet Under".
Mais "American Beauty", c'est aussi plus que cela, c'est un film à la fois drôle et triste où tous les personnages, vivent la vie d'un autre.
Ils sont tous pathétiques mais touchants, mais surtout ils souhaitent tous faire ce qu'ils ont toujours voulu faire, mais que les valeurs et la morale d'une société puritaine et conservatrice leur ont toujours interdit.
La distribution est parfaite, Kevin Spacey, oscarisé pour l'occasion, incarne avec brio ce quinquagénaire au bord de la crise de nerfs, et les seconds rôles (qui n'en sont pas vraiment) sont également excellents.
Du dernier quart d'heure se dégage une tendresse incroyable au moment où la vie de chaque personnage s'engage enfin dans un virage déterminant, celui que chacun attendait pour être heureux, et que tout s'écroule d'un seul coup.
Bref, "American Beauty" est ce que l'on peut appeler un film culte, de ceux qui parviennent à refléter leur époque comme un miroir.