Le problème d'un film qui vise à dire quelque chose en utilisant uniquement des archétypes de personnages (tels que
«le père américain moyen de 40 ans», «le militaire retraité», «l'adolescente mal dans sa peau»
, etc.), c'est qu'un tel film peut rapidement tomber dans la satire excessive. Et c'est parfois le cas ici, même si ces excès ne se remarquent pas forcément lors du premier visionnage. La troisième fois, il y a clairement eu au moins deux personnages qui m'ont semblé caricaturaux (
la mère et le colonel
).
Le scénario est une exploration, pendant un an, des interactions entre sept personnes, plus qu'il ne propose réellement une direction claire. On sait qu'il va se passer quelque chose de grave dans le film, et ceci dès les premières secondes, mais on ne sait pas comment cela va arriver. C'est une stratégie nécessaire, sans cela, le film serait réellement ennuyeux à regarder.
Les musiques sont excellentes, pas envahissantes pour autant, juste très bien choisies ou composées (la reprise de la chanson "Because" des Beatles, par Elliott Smith, dans le générique de fin, est très belle).
Mais quel est le message de ce film? Que la beauté américaine doit être trouvée tant bien que mal dans le fil des jours, comme elle peut se trouver dans un vulgaire sac en plastique qui vole librement dans toutes les directions, au gré du vent? Ou bien ce film signifie-t-il qu'il n'y a finalement rien d'intrinsèquement beau en Amérique, parce que tout le monde est coincé dans son archétype? Toi, tu seras une Lolita blonde, toi une ado névrosée, toi un artiste bizarre, toi un militaire incompréhensif, toi une épouse cassante et frustrée, toi un père de famille méprisé par ta femme et ta fille? Ce qui ferait d'American Beauty un film totalement contraire à la mythologie de l'Amérique qui rend libre les individus?
Je mets une note de 3,5/5 car après trois visionnages, je trouve que les ficelles scénaristiques et le côté caricatural un peu trop présent, mais ça aurait pu être 5/5 si j'avais écrit cette critique juste après mon premier visionnage du film. Bref, faites comme vous voulez.