Multi-récompensé aux Oscars, American Beauty, de Sam Mendes, est un petit bijou de comédie noire. On y rencontre Lester Burnham, petit employé tout triste, marié, père de famille et surtout… totalement insignifiant. Alors que son couple semble être un modèle de bonheur de l’extérieur, il n’en est rien. Sa femme le méprise et ne le désire plus et sa fille adolescente le hait ouvertement. Cependant Lester ne va pas tarder à s’éveiller et voir sa vie bouleversée, pour le meilleur et pour le pire !
Dans American Beauty, Sam Mendes s’est attaqué, comme ne l’indique pas le titre, aux travers de la société américaine, bien enfouis derrière les apparences. Il livre donc une réflexion à la fois philosophique, psychologique et sociale sur ce qui mine la famille modèle, à savoir le conformisme. Il y aborde quantité de thèmes tels que l’importance accordée au physique, l’hyper-érotisation des adolescentes, l’obsession pour les armes à feu, le refoulement des pulsions ou encore le besoin de tout enregistrer, tout filmer. Chaque personnage du film (la famille Burnham et ses voisins tout aussi barges les Fitts) se trouve alors confronté à ses thèmes, libéré ou emprisonné. On prend alors un plaisir fou à contempler l’explosion inéluctable de ces deux familles, ce qui se traduit par des scènes mémorables (dispute au lit, second dîner, fast-food…).
Pour représenter ces familles, Mendes s’est entouré d’un casting de choix, à commencer par Kevin Spacey, tout simplement jouissif en père de famille que plus rien ne gêne. Il y trouve l’un de ses meilleurs rôles et délivre quelques répliques inoubliables (“I’m dead already” et oui mieux vaut voir le film en VO !). Mais il est bien épaulé par Annette Benning, géniale en mère ambitieuse et frustrée, Chris Cooper en vétéran conservateur, Wes Bentley en pervers dérangé, Thora Birch en ado mal dans sa peau et Mena Suvari, jeune séductrice. Un casting bien léché donc, qui rend tous ces personnages attachants et terriblement réels.
Quant à Sam Mendes, il offre une réalisation discrète, très élégante, au plus proche des personnages. Si ce genre de réalisation est en parfaite emphase avec le développement des personnages, elle paraît un peu molle durant les 20 premières minutes, il faut bien le dire.
Enfin, la BO est tout simplement excellente, du thème principal (Dead Already) aux morceaux choisis, des Who aux Beatles en passant par Bob Dylan.
Bref, tout ceci pour vous inciter à voir ce chef d’oeuvre du cinéma des 90s qui contrairement à d’autres films n’a pas du tout vieilli !