" C’était une de ces journées grises où il va se mettre à neiger d’une minute à l’autre, et qu’il y a comme de l’électricité dans l’air. Tu peux presque l’entendre, tu vois ? Et ce sac était là, en train de danser avec moi, comme un enfant qui m’invitait à jouer avec lui. Pendant 15 minutes. C’est là que j’ai compris qu’il y avait autre chose, au-delà de l’univers, plus loin que la vie. Je sentais cette force incroyablement bienveillante qui me disait qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur. Jamais ! Sortie du contexte les images n’ont aucuns sens je sais mais... ça m’aide à m’en souvenir, j’ai besoin de m’en souvenir. Et parfois je me dis qu’il y a tant de beauté dans le monde que s’en est insoutenable. Et mon cœur est sur le point de s’abandonner. "
Voilà maintenant 8 ans que je n'avais plus croisé la route d'American Beauty. Le temps n'a de toute façon pas tellement d'importance puisque que ce film est gravé dans ma tête de manière indélébile. Néanmoins je l'accueil toujours avec autant d'envie, une valeur sure. Contempler et ressentir American Beauty est pour moi quelque chose qui opère comme un rappel, il démontre surtout que la " deadline " n'a au fond de sens que dans ce qui s'y précède. Oui, c'est un peu banal. Alors pourquoi autant aimé ce film ? Car il rend l'ordinaire magnifique.
J'aime très souvent à dire que si il ne devais me resté qu'un denier film à voir se serait belle et bien celui-là, et pourtant je crois vraiment que je me trompe sur ce point précisément. Rien ne sert d'être rassuré, il faut combattre sa propre conception de la fatalité, recevoir et combattre change la donne ... Ce film parle en se sens. Il y'a tant de beauté dans la vérité mais aussi dans le mensonge tout comme dans les incohérences et les gags du quotidien. Peut importe les saloperies, les regrets, la rancœur, les non-dits, l'hypocrisie tant que la folie se pointe. Compassion, tendresse, amour ... Voilà ce qu'il faut vivre.
Sam Mendes dont c'est le tout premier film récite sa partition avec soin et percute avec son ton les codes auquel on s'attend avec ce genre de long métrage. Si l'histoire est remarquable, Alan Ball signe un scénario absolument fantastique, c'est bien la mise en scène qui trouve à mes yeux son matériau le plus conceptuel. La voix off maintes et maintes fois vu et et revu à gauche et à droite trouve corp avec l'image qu'elle cerne, on nous offre un point de vue à la fois identifiable mais qui à tout moment floute ses dessins sans pour autant éclipsé son couperet final. Un jeu de maitre. La bande Originale à aussi cette manie de brouillé les cartes pour en fin de compte révélé une main attendu.
Il est évident maintenant d'aborder la distribution. Autant commencé par celui qui est l'épicentre du récit, Lester Burnham. Un personnage à la fois fascinant de bêtise et de grandeur. La conjuration d'un imbécile en quelques sortes. Kevin Spacey est l'acteur idoine pour révélé les troubles. Une fois encore, il carbure à son rythme, doucement mais durement. Il est incroyable ! Vraiment, une fois encore c'est banal de le dire mais quel pied ! Annette Benning elle aussi sort ses plus beaux rictus du placard. Elle se jette à corp perdu dans son interprétation, à la fois antipathique et si désarmante. Thora Birch, Wes Bentley, Mena Suvari, Chris Cooper font eux aussi partie de la parade, d'une de celle dont on quitte le cœur lourd ...
J'ai débuté cette critique par une citation, je me dois de la terminé par une autre. Qu'elle soit en retranscrite en Français ou alors dans sa version la plus pure, comment oublier cela ? Mon sac plastique à moi.
" Bien sûr je pourrais être aigri de ce qui m’est arrivé. Mais c’est inutile. Il y a tant de beauté dans le monde. Parfois j’ai l’impression qu’elle me submerge, de partout en même temps, mais c’en est trop. Mon cœur se remplit comme un ballon, prêt à exploser. Et là, je comprends qu’il faut que je lâche prise, que j’arrête d’essayer sans cesse de m’y raccrocher. Et ça glisse sur moi comme de la pluie. Et je ne peux plus rien éprouver d’autre que de la gratitude pour chaque instant de mon insignifiante petite vie. Vous ne comprenez pas ce que je suis en train de vous dire n’est ce pas ? Ne vous en faites pas, un jour, vous comprendrez. "