Sorti en décembre 1932, Number Seventeen (titre français Numéro 17) est un film anglais d’Alfred Hitchcock. Contrairement aux films qui le précèdent, il permet au réalisateur de renouer avec le genre policier dans lequel il excelle. L’un de ses films les plus courts également, avec une durée dépassant à peine une heure.
Tout commence une nuit, par un chapeau tournoyant au vent dans une rue, que son propriétaire récupère devant la grille d’une maison portant le numéro 17. Des pancartes indiquent que l’édifice est à vendre, mais le « passant » voit à travers les fenêtres une lumière gravir les étages. Il y pénètre alors, et emprunte un escalier qui lui fera découvrir au dernier étage un supposé cadavre et un marginal sans domicile qui se défend d’avoir tué le corps inanimé. Une jeune femme chute d’une fenêtre du toit, et leur explique chercher son père, habitant la maison mitoyenne, disparu après avoir reçu un télégramme annonçant un rendez-vous de voleurs de bijoux au numéro 17 à minuit trente. Des visiteurs (un couple dont la femme est muette, puis un prétendu neveu) arrivent à l’heure indiquée, présentant une carte d’introduction identique. S’ensuit un jeu de dupes où chacun ment sur son identité, scrutant les présents du coin de l’œil. Assez rapidement, les revolvers sont sortis. S’enchaînent bagarre, subtilisation de bijoux, entravement des corps… puis une fuite des brigands par le sous-sol de la maison pour aboutir à un quai de gare. Ceux-ci et le marginal s’introduisent dans un train de marchandises, où le jeu de dupes continue, chacun soupçonnant l’autre d’être un policier. Pendant ce temps, le « passant » qui avait récupéré son chapeau au début du film, parvient à se libérer grâce à la femme muette finalement douée de paroles, et réquisitionne sous la menace d’une arme un bus. Débute alors une course-poursuite totalement surréaliste entre le bus et le train, ce dernier devenu fou après le meurtre de son chauffeur, heurtant violemment le paquebot où il devait finir sa course en douceur. Le « passant » y sauvera de la noyade la jeune femme initialement muette, avec laquelle une idylle semble débuter. Il dévoilera ensuite son identité : inspecteur Barton, contredisant un brigand prétextant être justement Barton. Le marginal soulève alors la serviette sous laquelle il se séchait pour dévoiler les joyeux du collier qu’il porte et qu’il avait subtilisé aux voleurs.
Number 17 est un film étrange, dont les incohérences semblent voulues. La première partie, tournée dans la maison, est la plus réussie. Intrigante et angoissante, Hitchcock se complaît dans l’inconfort du spectateur : ce dernier est en effet totalement perdu, les identités des personnages étant totalement floues. De même, le statut d’héroïne du film passe de la jeune femme de la première partie à la fausse muette dans la seconde, ce qui participe grandement à la confusion. Le réalisateur crée une tension continue également en multipliant comme jamais la projection des ombres menaçantes sur les murs, ou l’avancée de mains d’un inconnu vers une poignée de porte ou pour étrangler un individu, sans se départir de son humour (par exemple lorsque le marginal manipule dans tous les sens une arme dont il se demande si elle est chargée). La chute du « passant » du début et de la jeune femme tombée du toit, suspendus dans le vide après avoir fait basculer la rambarde à laquelle ils ont été attachée, est réalisée brillamment.
La seconde partie, quant à elle, tombe dans l’invraisemblable : un quai de gare située sous une maison, un bus allant aussi vite qu’un train à vapeur lancé à toute vitesse… Les deux moyens de locomotion sont sur plusieurs séquences filmés à partir de maquettes facilement identifiables, qui confortent l’aspect irréaliste du déroulé.
Number 17 est donc sur sa première partie une réussite, angoissante et pleine de suspens, prémices de ce qui fera l’excellence d’Alfred Hitchcock. La seconde partie en revanche, même si elle est l’objet de plus de moyens, montre une réelle distanciation entre le réalisateur et cette œuvre qui lui a été imposée par sa maison de production. Ce basculement dans l’atmosphère et sur la primauté des personnages est troublant, et ne permet pas de fournir au film une ligne qui lui aurait fait gagner davantage de points. Il demeure cependant à voir, pour ce qu’il laisse clairement augurer du savoir-faire dans lequel le réalisateur se perfectionnera.