Yannick Saillet réalise là son premier long métrage, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ce ressent. Inspiré en ce qui concerne ses plans larges sur les désert nord africain, substitut des plaines arides afghanes, là ou se situe le récit, le jeune réalisateur ne parvient pourtant pas à insuffler la puissance nécessaire à son film. Bancal à bien des égards, Piégé partait pourtant sur un simple fait accrocheur, un soldat français étant malencontreusement bloqué sur une mine russe en plein désert. Faute d’une narration plate, d’avoir voulu faire du personnage principal un soldat au passé trouble, ce dont on se fiche complètement, le cinéaste manque cruellement de panache. Dès lors, même si le film n’est pas long du tout, une petite heure et quart, l’ennui est bel et bien présent, à de multiples reprises.
Comme mentionné plus haut, si le cinéaste aux commandes est un débutant, à qui l’on peut pardonner ses errements, ce n’est pas le cas de l’acteur en mode soliste. Pascal Elbé n’est pas bon, franchement peu convainquant en homme piégé par le destin. Incapable de donner la moindre once d’humanité à son personnage, au passage très peu intéressant, l’acteur ne fait que survoler son rôle à sortant de-ci de-là quelques répliques aux rares protagonistes disponibles. Pour un film de genre, au sens strict du terme, tout le monde s’égard et se prend la tête inutilement, faisant de l’exercice un brouillon étonnant.
Malgré les bonnes intentions, malgré des décors naturels fascinants et un équipement adéquat, Yannick Saillet manque le coche, se fourvoie et livre un film parfois presque indigent. Dommage, alors que le cinéma de genre est sans aucun doute l’un des rares espoirs de renouvellement du cinéma hexagonal. Si quelques artisans inspirés démontrent de très belles ambitions et réalisations, Saillet, lui, n’est pas encore à dénombré parmi les espoirs du cinéma français. Quant à Pascal Elbé, celui-ci démontre qu’il n’est absolument pas l’acteur que l’on s’arrache, pour la simple raison qu’il ne sait pas jouer autrement que comme il le ferait sur les planches d’un théâtre. A oublier et si possible, à éviter du fait que Piégé est strictement inutile, et ce même si quelques bonnes idées permettent d’éviter le naufrage. 05/20