Derniers Avis sur Une Page folle

Réputé pour être un des plus grands films japonais du cinéma muet, "Une Page Folle" est une expérience TOTAL ! Avant Gardiste et expérimental, ce film nous transporte dans un scénario complexe (pas d'intertitre), et cela donne une vision différente par rapport à d'autres spectateurs !

En 1926, le cinéma n'en est qu'à ses débuts, mais une prouesse INCROYABLE sur certaines scènes (notamment la scène où il y a un attroupement vers la moitié du film)

Une expérience incroyable !

Un bon film muet à ranger aux côtés de ceux des impressionnistes allemands. Ici la folie domine via des tableaux hystériques.

Un film muet ultra-audacieux de l'Empire du Soleil levant qui se permet d'aller encore plus loin que le plus barré de l'Expressionnisme allemand de la même époque. Surimpressions, images déformées, pas le moindre intertitre, tout est fait pour qu'on se perde dans un monde où règnent la folie et l'incommutabilité. Le scénario, qui a été écrit en partie par le grand auteur japonais et futur Prix Nobel de littérature Yasunari Kawabata, s'y prête bien de toute façon ; enfin ce que l'on arrive à y comprendre à savoir qu'une femme folle est internée dans un hôpital psychiatrique après avoir tué son bébé, et que son mari se fait engager comme employé dans ce lieu pour pouvoir l'approcher et la faire évader... On suit en parallèle le mari et les visions dénaturées de la femme pendant près d'une heure. Une découverte intéressante que cette curiosité dont j'ai appris l'existence en regardant le très bon documentaire "The Story of Film: An Odyssey".

Une page folle, film en noir et blanc muet japonais de 1926 au négatif retrouvé 45 ans plus tard, nécessite de nombreux arrêts sur images si l'on veut en déchiffrer l'essentiel. Il force de toute façon le respect comme le ferait un documentaire inestimable. Atmosphère inquiétante avec sa musique rajoutée, martelée comme une enflure qui se gangrène quoi qu'on fasse (musique parfois envahissante). Dès les premiers plans, saccadés, barrés de trombes d'eau, une danseuse évolue devant une boule aux formes régénérées, symbole de créativité, de fécondité, de maternité aussi... Le terrain moitié réaliste moitié onirique amène deux intervenants qui se toisent, se lâchent, se reprennent, une complicité qui fut. La jeune danseuse dans sa cellule fait diversion avec son look sorti d'un néant intemporel (elle pourrait être de 2012 !). Le clair-obscur, les obliques de cadrage, vont et viennent du bâtiment au chemin extérieur, une femme court, un chien... Si l'on se repasse la scène avec l'enfant dans les bras ensuite, deux femmes... Evident qu'un bébé est tombé à l'eau. Accident ou suicide raté de la mère incapable de plonger ou qu'on a retenu sur la berge ? Le rire de la prisonnière, sa recherche d'un minuscule objet par terre dans sa cellule (bouton ou perle ?), sa mimique punitive vers son mari de l'autre côté des barreaux, son rire fracassant de qui se ménage une revanche, restent des pistes à explorer. Tout comme la visite féminine (soeur, rivale...). Quoi qu'il en soit, il est impossible d'oublier cet homme aux yeux pénétrants côté pile, et parfait visage de coupable cherchant à s'amender côté face... Concierge pilier des lieux comme le médecin, deux chiens féroces qui génèrent une lutte entre encadrants (scène très longue) et l'hilarité des malades. Film visionnaire d'un avenir collectif nippon lugubre ou adultère dilué dans la schizophrénie, on dirait un puzzle agaçant auquel il manque une pièce... Seule certitude, toute l'eau du ciel se vide chez ces dérangés de l'âme !