C’est de l’épouvante de même niveau que les dix derniers « semblables » qui sont sortis cette année, à la sauce « Polteirgest » et « Ouija », accompagnée par ses interprètes de comptoir, ses situations suintant le ridicule à plein nez ou ses screamers pré-fabriqués, pensés deux minutes avant chaque journée de tournage. Deux scénaristes (Derrickson et Cargill, qui avaient déjà travaillés sur des projets tels que « Délivre-nous du mal » ou même le premier « Sinister ») se sont alliés pour ressortir du placard les vieux gadgets de grand-père Hooper qui faisaient peur il y’a trente ans et dont les plus fervents passionnés, plongés jusqu’à l’os dans la mare de l’optimisme, pensent que l’épouvante se fera ressentir une fois de plus, tout cela grâce à leur savoir-faire. Sauf que les apparitions, les objets qui sursautent au même moment que les corps, est un concept déjà-vu, dépassé, presque anéanti par les années qui se sont écoulées et qui s’écoulent encore. Ou sinon il faudrait un réalisateur qui soit réellement aux commandes, un vrai illuminé, avide du domaine de l’horreur au cinéma, et qui idolâtrait Friedkin, Hayers, voire même un peu Roth pour le côté gore, passage obligé dans la plupart des oeuvres d’épouvante. Et il y’a des idées, c’est certain, dans ce second « Sinister », sauf qu’elles arrivent toutes dans la dernière quinzaine de minutes. Ciarán Foy possède alors une véritable détermination dans le choix des angles et un avis bien tranché dans sa mise en scène. Le scénario prend une tournure intéressante (même si un peu forcée) : le changement comportemental d’un proche face à l’isolement et face à la violence. Pourquoi forcée? Car malheureusement le jeu d’acteur reste sur la même ligne directive, alors les acteurs jouent faux et sont bien trop souvent de vulgaires caricatures. Le problème du film est aussi dans son rythme, très inégal, qui commence sans perdre de temps avec le cauchemar d’un gosse transporté dans un romanesque cruel et dément. La phase cruauté est l’une des plus réussies : le spectateur peut observer sur des images qui pourraient aussi bien être contenues dans des archives vu leur ancienneté des scènes de torture et de tension trop rapides mais au départ bien réfléchies. L’ennui est que celles-ci, qui seraient censées mettre mal à l’aise le spectateur, passent en un éclair. Pour la réalisation, on dirait que Foy a pu se libérer de la pression des studios dans la dernière partie de son oeuvre : il peut alors rajouter de la musique électro entraînante dans une course-poursuite à travers des plantations étendues, même si il ne se sert pas assez de plans fixes pour placarder une pure tension dans nos esprits à la place de nous laisser languir dans l’attente d’autres évènements plus coriaces, ce qui se produit lors des premières une heure et vingt minutes. Dommage, aussi, que le traitement du mystère est assez maladroit, ce qui empoisonne le déroulement des actes. Encore un projet qui avait du potentiel grâce à une équipe technique compétente dans (presque) son ensemble, mais qui se fait recaler d’office par les envies déplaisantes du studio et d’un public d’attardés qui souhaitent toujours une pareil nourriture. Alors ça donne ce qu’on a pu observer à l’écran : du cinéma sans ambition.