La production selon Jason Blum : permettre la réalisation de films d’horreur à moindre coût (une moyenne de 2 millions de dollars) et les sortir en rafale dans les salles. Une politique qui s’avère des plus payantes, étant donné que le bonhomme peut se vanter d’être l’un des producteurs du cinéma horrifique les plus influents du moment, qui plus est à la tête de divertissements à succès devenus par la suite des franchises (Paranormal Activity, Insidious, American Nightmare). Et maintenant, c’est au tour de Sinister, thriller angoissant simple et efficace que n’aurait pas renié Stephen King, de se voir offrir une suite !
Pour l’occasion, Jason Blum décide de refaire appel au duo Scott Derrickson/C. Robert Cargill pour se charger de l’écriture de cette séquelle. La difficulté : éviter la redite et apporter de la fraîcheur à l’ensemble. Si beaucoup de suites horrifiques tombent très vite dans le panneau, les deux scénaristes ont su partir sur de bonnes bases. En effet, au lieu de repartir à zéro en prenant de nouveaux personnages, ils décident d’écrire une suite directe à partir de la quête rédemptrice du shérif-adjoint de l’opus précédent. Un parti pris qui permet au duo d’avoir quelque chose à raconter, une trame concrète qui puisse donner du corps à ce Sinister 2. Ce n’est pas original pour un sou mais c’est suffisant pour donner de l’intérêt. Sans compter que cette fois-ci, l’histoire n’est plus vue à travers les yeux des adultes mais plutôt des principales victimes, à savoir les enfants. Un choix qui, en plus de montrer l’envers du décor (le modus operandi du démon Bughuul), évite d’user d’un suspense inutile pour les habitués, vu que ces derniers savent à quoi s’attendre.
Mais en opérant ainsi, les scénaristes font perdre à Sinister premier du nom tout ce qui faisait son charme. Car en mettant de côté ce fameux suspense, cette suite oublie l’aspect thriller pour n’être qu’un banal film d’horreur qui reprend maladroitement les détails scénaristiques de son prédécesseur (comme les enregistrements vidéo). Et à trop se concentrer sur les méfaits du démon, le long-métrage délaisse les idées de son script (principalement mettre en scène des jumeaux) au profit de séquences horrifiques plus présentes et qui bénéficient de moyens plus conséquents au point de ne pas avoir peur du grotesque (l’exécution avec les rats) et d’abuser des effets numériques. Il suffit donc pour le spectateur de se laisser aller au visionnage de ce long-métrage, et de suivre naïvement les péripéties paranormales des protagonistes, interprétés honorablement soit dit en passant.
De ce fait, à vouloir se montrer à tout prix effrayant, Sinister 2 se montre-t-il plus efficace que son aîné ? Pas vraiment. En réalisant le premier film et en jouant du suspense comme bon lui semblait, Scott Derrickson avait su livrer une ambiance véritablement pesante et tendue, n’ayant aucunement besoin de jump scares. Ici, son remplaçant Ciarán Foy, malgré des décors et maquillages réussis, ne parvient pas à retrouver l’atmosphère du premier film (cela manque cruellement de jeux de lumière), livrant pour le coup une suite sensoriellement basique qui ne peut compter que sur les sursauts sonores pour livrer son quota d’effroi. Si l’ensemble parvient à faire mouche auprès des âmes sensibles, les amateurs de films d’horreur ne seront aucunement surpris par des jump scares facilement repérables à cause de plans évocateurs et d’une musique révélatrice au possible (cette dernière se tait quand il va se passer quelque chose).
Moins prenant et angoissant que son prédécesseur, Sinister 2 se présente aux spectateurs comme un film d’horreur tout ce qu’il y a de plus conventionnel et qui ne fera nullement date dans ce style de cinéma. Alors oui, les idées scénaristiques et la présence des jump scares permettent à cette suite d’avoir un quelconque intérêt pour ceux qui voudraient sursauter le temps d’un dimanche soir. Mais comparé au film de Scott Derrickson et aux autres poids lourds du genre (comme le récent Conjuring : les dossiers Warren), Sinister 2 fait plutôt pâle figure. Divertissant mais vite oubliable !