Après l’abatage médiatique monstre, après avoir été noyé sous les flots d'images, de promos et de bande-annonces, il était temps d'aller voir ce fameux « Batman v Superman », timidement, presque à reculons... On ne nous l'aurait pas survendu ce film ? Si, carrément, et cela avant d'en avoir vu une seule vraie seconde. Finalement, le résultat est sans appel : le film est décevant. Et je parle en tant que non-fan de l'univers ! Avec une pointe d'appréhension avant que le film ne commence, les premières minutes sobres et efficaces à la fois ont gommées cette petite appréhension bien vite et m'ont fait espérer une belle surprise. Oui, mais voilà, Zack Snyder a voulu trop en faire, c'est clair, c'est net. Après le désastre « Man of Steel », Snyder a tenu – comme il l'a dit en interview – à axer son intrigue davantage vers l'avenir de la Ligue des Justiciers plutôt que sur la figure iconique de Superman qui avait raté son entrée. De fait, on se retrouve avec un film, d'un côté, tiraillé entre les aspirations de son réalisateur, ne sachant jamais dans quel sens faire pencher la balance et cela donne un résultat inévitablement instable, chancelant, donnant au film un statut impropre, pas intermédiaire, ni charnière mais flou et évasif dans son propos et ses objectifs, et d'un autre côté, terriblement lourdingue, pachydermique, gargantuesque et assommant. Snyder est dans la surenchère à l'excès, tout est trop. Le terme qui qualifie le mieux « Batman v Superman » tout en le résumant parfaitement c'est : trop. Trop d'effets spéciaux, trop d'évènements, trop de personnages, trop de scènes, trop d'actions, trop de paroles vides de sens, trop de volonté d'en mettre plein la vue... Le réalisateur joue sur des canons narratifs qui sont censés amener de la crédibilité à cet univers : un propos sombre, un monde sérieux, grave, mais c'est la lassitude qui l'emporte sur tout le reste. C'est bien simple, plus le film avance, plus on sombre dans la surenchère vide et excessive jusqu'à ces dernières minutes qui auraient pu rattraper de ce second désastre si elles n'avaient pas été interminables. Là encore, Zack Snyder semble ne pas avoir su comment terminer son film et a donc décider de tout mettre dans un ordre qui n'a de sens que dans son esprit pour terminer sur une image d'une nullité sans pareille, puisque attendue depuis un quart d'heure. Ne parlons de la pseudo-leçon de morale que le généreux Snyder nous dédie à nous, pauvres spectateurs, comme une humble offrande destinée à nous faire réfléchir sur notre monde. Trop de sérieux aussi. Faut-il encore préciser que, malgré le titre, l'on n'aura rien de ce fameux combat entre les deux figures épiques et divines dont on nous rebat les oreilles depuis le début pourtant, et ainsi, le terme de l'affrontement est prédéfini d'avance, et les deux super-héros tomberont inévitablement dans les bras l'un de l'autre comme deux bons vieux potes de galère. Il faut pourtant avouer que « Batman v Superman » est meilleur que son prédécesseur. En terme de dialogues notamment, cela n'a rien à voir. Ici, ils apportent de l'eau au moulin de l'intrigue, jusqu'à une certaine mesure bien-sûr. La mise en scène est élégante et très maîtrisée, Snyder a progressé par rapport à « Man of Steel » et Ben Affleck en Batman est convaincant, très convaincant. On s'attache à lui rapidement. A noter enfin la bande-son toujours excellente du maître des blockbusters. Mais les points positifs sont bien maigres et se cachent admirablement derrière l'immensément trop grosse façade de paraître et de volonté de « vouloir faire bien » de ce cher Snyder. Il s'est planté, une deuxième fois, et c'est peut-être pas la dernière.