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La_Mort_Dans_L_Oeil
28 abonnés
248 critiques
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4,5
Publiée le 31 mai 2013
hors la pensée à proprement parler, le cinéma parfois emprunte également à sa manière les chemins du "plus long détour" selon les termes platoniciens, ce qui est inacceptable pour une époque qui tombe dans l'ennui dès qu'on ne l'excite pas nerveusement, qui n'est plus à même d'embrasser du regard un film ou n'importe quoi d'autre dans sa totalité, dans son unicité. Quelque chose fait écran
Un ovni dans le paysage cinématographique de la semaine. Pas d'explosions ni de bastons ou possessions absurdes. Pas de gigolettes emoustillées à la vue d'un mironton bien gaulé où de gonciers roulant des mécaniques pour lever une souris au regard de braise... Non rien de tout cela. Un film simple où la vie se déroule lentement, comme une riole serpentant le long d'une forêt de feuillus. D'aucuns bonniront qu'il ne s'y maquille pas grand chose, d'autre que la vie devrait ressembler à ce film.
Au cinéma, de plus en plus, ce qui m'intéresse c'est le temps, la durée, cette matière impalpable qui s'écoule et les détails qui émergent. On pourrait dire que Slow Life est un film lent mais je me méfie de ce mot de lenteur, on a trop l'habitude de conjuguer ensemble "long, lent et ennuyeux". Christian Merlhiot pose sa caméra à un endroit très particulier de vie, là où la vie et la mort se frôlent, se frottent. Il pose sa caméra à cet endroit-là sans idée fixe, sans pensée préalable, sans discours préétabli. Je pense à Proust et au "petit pan de mur jaune". Le grand Bergotte va mourir, il le sait, il revoit ce tableau de Vermeer qu'il aime tant. Il l'a vu tant de fois durant sa longue vie et pourtant, ce n'est que lors de cette dernière vision, aux frontières de la mort, qu'il découvre, qu'il voit pour la première fois, ce petit bout de mur jaune, détail minuscule mais qui sur le moment emplit tout le tableau. Christian Merlhiot filme le Japon les "petits pans de mur jaune", parce qu'ils sont nombreux, parce qu'on les a sous les yeux, tout le temps. La plupart du temps, trop occupés à vivre nos vies, nous ne les voyons pas. Le cinéma est peut-être là pour les révéler. Olivier Steiner
Slow Life. Tout est dit. Le temps, celui qu'on prend dans cet ailleurs japonais. Celui qui joue avec nous, de la scène splendide du début du film à celle onirique de la fin, où le réalisateur nous embarque quelque part entre le rêve et... et quoi ? Entre ces deux moments, on voit les attentes, les petits riens, les maladresses du personnage qui découvre ces rituels d'autrefois faits de patience et de silences. Viennent enfin les paroles qui donnent au film tout son sens : vivre autrement, à un autre rythme, quitte à emporter sur son dos, jusque dans la brume, le poids des ans.
Le synopsis indiquait : "Kentaro vient de la ville et est arrivé depuis peu dans un petit village près de Kyoto. Il trouve des petits boulots qui lui permettent de s'intégrer dans cette petite communauté qui se suffit à elle-même grâce à la méthode Slow Life basée sur l'agriculture biologique…". L'époque est à la réflexion sur la problématique écologique, le retour à des modes de culture moins agressifs, c'est donc par intérêt pour le sujet ainsi que pour le changement d'existence qu'il induit que j'ai souhaité voir le film. Malheureusement le film n'apporte pas plus d'informations que n'en contient le synopsis.
Le film est composé de séquences successives sans liens entre elles et présentées sans commentaires spécifiques :
/rue dans une ville (on ne sait pas où) : ce qui pourrait être une fête du feu / à la campagne : 2 jeunes hommes récoltent des carottes et les conditionnent pour livraison / dans une cuisine : un des jeunes hommes prépare le repas / dans une pièce d'une maison : le jeune homme présente le repas à une vieille dame muette et invalide (on ne sait pas qui c'est, ni ce qu'elle a) /atelier de teinturerie : le jeune homme aide à la teinture de la laine / dans la maison puis dans la forêt : le jeune homme porte la vieille dame sur son dos et l'emmène se promener en forêt // le jeune homme ramène la vieille dame, toujours sur son dos/ dans un bâtiment indéterminé (peut-être un hôpital): le jeune homme rencontre un homme (médecin ou infirmier ?) manifestement sujet à des crises de narcolepsie / la séquence est entrecoupée de vues d'une plage (pourquoi ?).
En résumé on ne voit que le défilement des différents plans, sans commentaire et sans qu'aucune information ne soit donnée. Le film est accompagné d'une bande sons constituée de grincements, sifflements, crépitements et autres bruits divers ; un fond sonore particulièrement anxiogène qui aurait plutôt sa place dans "la nuit des morts vivants". Bref, l'ensemble est particulièrement abscons, très long, très ennuyeux et n'apporte aucun élément intéressant sur la Slow Life, ni d'ailleurs sur aucun autre sujet.
Un semblant d'explication a été donné par le réalisateur, rencontré après la séance, qui nous a indiqué être allé au Japon pour réaliser un film sur le théâtre que finalement il n'a pas pu faire, qu'à défaut il a réalisé Slow Life, sans scénario et en filmant les différentes séquences selon les opportunités de terrain. Tout s'explique !
Ce film est peut-être à réserver à un public très initié ou aux fans du réalisateur ? … les autres pourront S'ABSTENIR SANS REGRET.