"Deux jours, une nuit", dernier né des frères Dardenne, n'a pas donné toutes les promesses attendues et espérées !
Et pourtant, alors que Marion Cotillard joue extrêmement bien ce rôle de femme perdue, quelque chose cloche dès le départ dans cette histoire qui devient pour l'occasion, vite bancale...
En grattant un peu et en cherchant bien, on trouve vite les incohérences qui nuisent au bon équilibre du film.
Premièrement, le marché proposé aux 16 employés par leur propre patron, à savoir se passer de leur prime annuelle de 1000 euros afin de préserver l'emploi de Sandra ou alors la licencier et garder cet avantage financier, est totalement irréaliste dans la mesure où cette proposition ne tient pas compte des véritables charges et sera vite à revoir dans un bref avenir puisque, crise oblige, le boulot se fait déjà sans elle...
De plus, demander ce sacrifice pour sauver une collègue et donc pas forcément une une amie ou même une copine, alors que soi-même ou son conjoint est déjà dans une précarité vécue ou à venir, devient vite une utopie qui ne tient pas la route deux minutes...
Alors que la simple mise en place d'une pétition pour maintenir cet emploi aurait été une bien meilleure idée bien plus réaliste, avec le simple choix d'y apposer sa signature ou pas !
Et donc, ce combat que va devoir mener Sandra avec cette volonté de revoir le vote en sa faveur, combat très serré en terme horaire, va sonner malheureusement faux très vite !
Ce schéma à fortiori très répétitif va ainsi de suite perdre de son intérêt et de sa crédibilité malgré le jeu des comédiens tous épatants, il faut le reconnaître...
Il est à noter que partir du point de vue d'une employée fragile qui sort d'un congé de maladie suite à un état dépressif, n'était pas la meilleure solution, d'autant plus qu'ici Sandra craque littéralement et ne semble pas en état de se remettre à son travail...
Par contre, la voir se battre réellement et vigoureusement à l'issue d'une grave maladie, aurait permis de donner plus de réalisme, d'émotion et d'intensité !
Voir cette personne pleurer, se médicamenter, douter d'elle-même, de son mari et de ses collègues, alors que cela est tout à fait compréhensible pour autant, n'arrange rien dans cette course à l'emploi contre la montre !
Un côté plus rageur, avec des hauts et des bas peut-être, avec des scènes de famille entremêlées les enfants étant présents, des disputes et des mises au point, des passages indispensables sur la vie à l'usine et les collègues, auraient sans doute casser ce rythme lent et répétitif imposé par cette quête dont certaines étapes auraient pu être suggérées ou même éludées...
D'ailleurs à l'issue de toutes ces visites, on finit par ne plus croire en Sandra dont l'énergie et la foi semblent s'évanouir en allant, sans en dire davantage sur le fond...
La fin fait preuve d'un angélisme étonnant par le choix que fait cette employée, alors que l'autre alternative aurait été bien plus pertinente et synonyme d'une réflexion, d'un questionnement, pour le coup extrêmement bienvenu sur notre société !
Pour conclure, un film au propos louable et à découvrir évidemment pour son thème d'actualité et le jeu de ses acteurs, mais dont le postulat de base gêne vraiment à son réel développement...