Si la première partie du film montre comment les enfants du Sud Soudan ont dû survivre dans la savane hostile et les milliers de kilomètres parcourus à pied pour trouver une terre de sécurité, la seconde présente de jeunes adultes perdus dans la société américaine ultra-développée. En arrivant dans le Missouri, Mamere, Jeremy et Paul, trois frères, seront confrontés à la réalité de nos sociétés industralisées : le téléphone, l’abondance alimentaire, la nécessité de travailler, l’usage de drogue. Mais le film dénonce aussi les dérives du monde dans lequel on évolue : le gaspillage alimentaire, le manque d’implication dans le travail, l’individualisme ... des agissements qui ne peuvent que choquer des Hommes venus d’un pays où tout est rare et le partage important. Cela nous fait bien évidemment réfléchir sur notre condition et l’accès facile à tous nos besoins sans la préoccupation de ceux des autres.
Les comédiens choisis pour incarner les Soudanais sont tous brillants. Autant les enfants que les jeunes adultes qui, par leur jeu ultra réaliste, parviennent à nous faire croire que cette histoire est la leur et c’est d’ailleurs le cas pour quelques-uns d’entre eux. Arnold Oceng, Ger Duany, Emmanuel Jal crèvent l’écran et portent le film avec force et caractère. Pour les accueillir dans le pays de l’Oncle Sam, Reese Whiterspoon (« Walk the line », «Wild », « La revanche d’une blonde ») toujours aussi fraîche et spontanée. Son rôle ici est des plus difficiles puisqu’elle incarne l’intermédiaire entre les primo - arrivants et la société qui les accueille. Son jeu, tout en finesse, donnera une intensité non négligeable au long métrage. Comment peut-elle aider nos trois amis à s’intégrer sans les contraindre à faire ce qu’ils ne sont pas habitués de réaliser ? Dans le reste du casting, on peut noter la présence de Corey Stoll (vu dans « House of Cards saison 1 » ou « The Strain ») ou encore de Sarah Baker, deux comédiens américains qui viendront apporter leur petite pierre à l’édifice.
Si les scènes filmées en Afrique sont dures, c’est sans doute parce qu’elles sont à l’image de ce que vivent les populations victimes des guerres civiles. Mais le choc des cultures a lui aussi sa violence, plus subtile mais tout aussi déstabilisante pour des personnes en quête d’identité.
Mis à part quelques longueurs, l’intensité du sujet traité et l’angle choisi pour le faire, donnent tout l’intérêt du film. Le réalisateur canadien Philippe Falardeau parvient à nous sensibiliser un peu plus à l’immigration, à la difficulté d’intégration de ces personnes, au mode de vie différent du nôtre. Plus qu’un film sur le choc des cultures, c’est avant tout une ode à l’humanisme, à l’ouverture aux autre et à l’espoir que « The Good lie » nous présente.