Inspiré d'une histoire vraie, "Everest" est une oeuvre à regarder sur grand écran, et de préférence en 3D. Certaines séquences du film délivrent un spectacle de toute beauté, avec des décors à couper le souffle. D'autre part, le travail sur les couleurs participe à cette beauté globale, qui apporte un charme indéniable au lieu en question. Du point de vue du cadre donc, le réalisateur (Kormàkur) nous livre un travail sublime, incroyablement dépaysant. Dans la forme, le pari est réussi, d'autant plus que le son remplit un travail de grande facture, dans les scènes d'avalanche notamment. Pour ce qui est du fond, le rendu global s'avère un poil plus discutable. Il est d'abord nécessaire de diviser "Everest" en deux parties bien distinctes, qui pourraient très bien constituer deux films séparés : l'ascension, puis la descente de l'Everest. La première partie est cohérente et met en place l'intrigue et le problème principal : gravir le mont Everest et s'en sortir sain et sauf ; pour ce qui est de la suite, le spectateur a tendance à s'y perdre un peu : on se demande où est passé tel personnage, si tel autre a survécu, et les différentes bourrasques de neige empêchent parfois de discerner le creux de l'action. Kormàkur pêche parfois à proposer une trame fluide et cohérente, la faute à une action omniprésente. Quand on conjugue les différents lieux de l'action aux déboires des personnages, confrontés à leurs propres limites, on arrive à un ensemble décousu. Cela ne supprime en rien le mérite du réalisateur, dont le film témoigne d'une volonté de réalisme saisissante. Il faut avouer qu'il est aidé par un casting de qualité : Jason Clarke joue avec justesse un homme en proie à l'épreuve physique la plus difficile de sa vie, bien épaulé par Jake Gyllenhaal (Scott Fischer). Certains visages connus viennent s'ajouter à l'intrigue, à l'instar de Keira Knightley et Robin Wright (House of Cards). On passe un bon moment devant "Everest", l'essentiel y est. Une réflexion sous-jacente sur l'homme et ses limites est bien présente, et témoigne de la folie que représente l'ascension d'une telle montagne, avec une zone qui porte bien son nom : "la zone de la mort". Ce long- métrage nous fait part sans aucun artifice d'un danger omniprésent, entre des échelles qui menacent de s'effondrer au-dessus des crevasses et un manque d'oxygène fatal. Tout cela témoigne du travail nécessaire en amont avant l'entreprise d'une telle expédition. Au-delà de son caractère divertissant, "Everest" revêt une dimension documentaire, car très attaché à la réalité. Le travail final est surprenant et se détache des dernières productions hollywoodiennes, sans faire pâle figure. Kormàkur ne nous propose pas le film de l'année ( difficile toutefois en cette année 2015 ! ), mais rassure en nous prouvant que les scénarios originaux ont encore de beaux jours devant eux.