Toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort. La production hollywoodienne s'est emparée du drame survenue en 1996 pour en faire un blockbuster à grandes images. Il y a 14 ans, une bande expérimentée d'alpinistes tente l'ascension de l'Everest. Mais entre les soucis d'égo, une météo capricieuse et une organisation désastreuse, ce qui devait arriver arriva.
Homme de scénarios jouant souvent contre la montre (Contrebande, Survivre), Baltasar Kormakur a fait le choix de scinder son film en deux. La première partie, d'une futilité sans pareille, a pour but d'introduire les enjeux de ce film catastrophe et présenter ses personnages. Ces derniers, dépourvus de profondeur, ne cessent de grimper pour se retrouver d'un point A à un point B. Si le manque d'oxygène peut se faire sentir du à l'altitude, le spectateur lui, sera clairement en manque de patience. Malgré cette élévation toujours grandissante, Everest s'avère être terriblement plat.
La seconde partie s'arrête sur ce fameux vendredi 10 mai 1996, le jour où tout a basculé. À l'inverse de ces protagonistes téméraires bravant le froid, la mise en scène de l'islandais est timorée et manque de prise de risque. Tous les plans se suivent et se ressemblent, sans réellement se soucier du décor monstrueusement impressionnant qui se trouve autour d'eux. On sait tous que ce périple va mal finir et, sans aucune surprise, le réalisateur déroule son intrigue en s'arrêtant sur les poncifs bien connus du genre : solidarité, dernier coup de fil à sa bien-aimée, retour dans son doux foyer...
Alors qu'Everest aurait pu aller bien plus loin dans sa réflexion sur l'homme et sa volonté d'aller toujours plus loin, ce long-métrage est un divertissement qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez, en se faisant emporter par une avalanche de clichés. Et tandis que le point clé (concurrence entre les organisateurs d'ascensions) est à peine abordé, le montage alterné ne paraît pas opérant et ne permet pas toujours de reconnaître quels héros sont filmés. Le comble : filmer le final de l'escalade comme si de rien n'était. Sans spectacle, sans âme, sans relief.