Après six ans passés dans l'ombre, Michael Mann revient ainsi avec un projet à l'ambition étonnante. Se projetant dans un film d'action très chorégraphié et une vision théorique de l'évolution de la technologie et du cyber crime. Infiltré dans un milieu aussi obscure qu'il est fascinant, le résultat n'est ni le grand film (et encore) que le réalisateur ambitionnait, ni le ratage auquel tout le monde s'attendais., finalement il est un objet différent. C'est un film fantôme, une sorte de thriller tout droit sorti de nulle part qui n'arrive ni à son potentiel, ni ce qu'il pouvait ambitionner, mais comblant les trous avec une rare intelligence.
"Hacker" se distingue par sa mise en scène qui en un mot touche à une perfection visuelle totale, les mouvements, les lumières, Mann capte la folie urbaine, fait des scènes d'actions des véritables bijoux, inonde son film de bonnes idées notamment dans sa direction d'acteur ou dans le suspens qui ne connait pratiquement aucune baisse en près de deux heures jusqu'à des points culminants renforcés par une photographie des plus ingénieuse, notamment lors de la fusillade final ou le second plan est floutté, accentuant ainsi le suspens d'une façon brutale et bienvenue, y insufflant également une dramaturgie d'une grande simplicité.
Ici l'énigme est abstraite et la confrontation et forte, tendue avec une intrigue en ressort permanent et une ingéniosité du traitement totalement bluffante. Mann est avant gardiste et offre un véritable duel entre l'homme et la technologie, il ne perd aucunement son sens si particulier du gun fight qui est ici toujours aussi bien mené, ni sa manière d'installer une atmosphère entre la poésie et le grandiose pure et simple, et ce avec une efficacité redoutable qui va dans un intense dynamisme. Commençant déjà par une sorte d'exploration de la matrice qui fait penser au générique de "Fight Club", "Hacker" nous met face à ce qu'est la technologie, un réseau qui nous dépasse, dont nous n'avons même pas conscience. Imposant également un questionnement sur la sécurité et le terrorisme et dont le cri raisonne comme un écho du cinéma post 11 septembre, le film va directement au but sans attendre et malgré son coté assez languissant il fait preuve d'une grande maturité dans sa façon de voire le monde.
Au final, si on met dehors des bruitages parfois insupportables et des clichés qui refroidissent, "Hacker" est typiquement le film devant lequel on sait qu'un autre n'aurait pu faire mieux. Une expérimentation visuelle farfelue, audacieuse, magistrale et une intrigue qui s'enchaine de façon prodigieuse. Frénésie tropicale, rythme gazeux, Maestria.